Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par le Procureur général près la Cour d'appel de Douai contre un arrêt de cette même cour, en date du 12 avril 1962, qui avait relaxé la société "X... Frères" du chef de refus de vente. Les faits concernent une commande de 165 kilogrammes de "cire en pâte Starwax" passée par la SARL "Saveco" à la SARL "X... Frères", qui a ensuite refusé de l'honorer. La Cour a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, estimant que les juges du fond n'avaient pas suffisamment motivé leur décision de relaxe.
Arguments pertinents
1. Motivation des décisions judiciaires : La Cour de cassation rappelle que tout jugement ou arrêt doit être motivé, et que l'insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à leur absence. Elle souligne que les juges du fond n'ont pas suffisamment expliqué leur décision, notamment en ce qui concerne le caractère "anormal" de la commande.
2. Caractère normal ou anormal d'une commande : La Cour de cassation affirme que le volume d'une commande ne doit pas être évalué uniquement en fonction du nombre de succursales de l'acheteur, mais également en tenant compte du rythme de réapprovisionnement habituel. Elle note que les juges du fond n'ont pas pris en compte ces éléments dans leur analyse.
3. Refus de vente : La Cour indique que le refus de vente doit être justifié par des motifs clairs, ce qui n'a pas été le cas ici. Les juges n'ont pas précisé si le refus de la première commande était dû à son volume insuffisant, ni comment cela se rapportait à la seconde commande.
Interprétations et citations légales
1. Article 37, 1° A de l'Ordonnance n° 45-1483 du 30 juin 1945 : Cet article stipule que le jugement doit être motivé. La Cour de cassation souligne que l'absence de motivation adéquate constitue un motif de cassation.
2. Article 485 du Code de procédure pénale : Cet article renforce l'exigence de motivation des décisions judiciaires. La Cour de cassation fait référence à cet article pour justifier sa décision de casser l'arrêt de la Cour d'appel.
3. Analyse des commandes : La Cour de cassation précise que le caractère normal ou anormal d'une commande doit être évalué en fonction de plusieurs critères, notamment le rythme de réapprovisionnement. Elle cite : "le volume normal ou anormal d'une commande... ne s'apprécie pas seulement en fonction du nombre de succursales gérées par l'acheteur".
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de la motivation des décisions judiciaires et la nécessité d'une analyse approfondie des circonstances entourant un refus de vente, en tenant compte des pratiques commerciales habituelles.