Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines, qui contestait un arrêt de la cour d'appel de Douai du 6 décembre 1961. Cet arrêt avait débouté la caisse de sa demande de remboursement des arrérages de pension et des allocations versées à la veuve et aux orphelins d'un ouvrier décédé à la suite d'un accident de la circulation. La cour d'appel a jugé que les pensions versées ne correspondaient à aucun préjudice subi par la veuve, et la Cour de cassation a confirmé cette décision.
Arguments pertinents
1. Absence de lien entre la pension et le préjudice : La cour d'appel a décidé que la pension versée à la veuve, en vertu de l'article 155 du décret du 27 novembre 1946, ne correspondait à aucun élément de préjudice. La Cour de cassation a soutenu que cette interprétation était correcte, affirmant que la pension proportionnelle d'ancienneté ne peut être considérée comme une indemnité pour préjudice.
> "La pension dont bénéficie la veuve X... ne correspond à aucun élément du préjudice subi par celle-ci."
2. Subrogation des organismes de sécurité sociale : Bien que l'article 186 du décret du 27 novembre 1946 prévoie que les organismes de sécurité sociale sont subrogés dans les droits de l'intéressé pour le remboursement des dépenses liées à l'accident, la Cour a précisé que cela ne s'applique qu'aux dépenses ayant concouru à l'indemnisation du préjudice.
> "Les organismes de sécurité sociale dans les mines sont subrogés de plein droit à l'intéressé ou à ses ayants droit dans leur action contre le tiers responsable, pour le remboursement des dépenses que leur occasionne l'accident."
Interprétations et citations légales
1. Article 155 du décret du 27 novembre 1946 : Cet article prévoit le versement d'une pension proportionnelle d'ancienneté à la veuve, mais la Cour a souligné que cette pension ne peut être assimilée à une indemnité pour préjudice, car elle est fondée sur la durée des services de l'ouvrier décédé.
> "On ne saurait attribuer ce caractère à la pension proportionnelle d'ancienneté prévue par l'article 155 du décret précité."
2. Article 186 du décret du 27 novembre 1946 : Cet article établit la subrogation des organismes de sécurité sociale, mais la Cour a précisé que cette subrogation ne s'applique qu'aux dépenses qui ont contribué à l'indemnisation du préjudice, ce qui exclut les pensions.
> "Il n'en est ainsi qu'autant que ces dépenses ont concouru à l'indemnisation de la victime ou de ses ayants droit pour le préjudice dont la réparation incombe à l'auteur du délit."
3. Article 164 du décret du 27 novembre 1946 : Bien que la cour d'appel ait inexactement attribué les allocations aux orphelins en vertu de l'article 155, la Cour a noté qu'elles étaient en réalité régies par l'article 164, mais a maintenu que ces allocations n'avaient pas non plus le caractère indemnitaire requis pour justifier le remboursement.
> "Les allocations servies aux enfants mineurs dudit ouvrier décédé... ne leur sont attribuées, non en vertu de l'article 155, mais de l'article 164 de ce texte."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a confirmé que les pensions et allocations versées par la Caisse ne peuvent pas être considérées comme des éléments de préjudice, et par conséquent, la demande de remboursement de la Caisse a été rejetée.