Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par Josette, veuve Y..., contre un arrêt de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence du 14 décembre 1962, qui avait déclaré la cour incompétente pour connaître des poursuites pour fausses déclarations à l'encontre de la demanderesse. Celle-ci était accusée d'escroquerie pour avoir prétendu être une veuve vivant seule afin d'obtenir des prestations auxquelles elle n'avait pas droit. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, estimant que cette dernière n'avait pas fourni de base légale suffisante pour sa décision et qu'elle aurait dû statuer sur le fond.
Arguments pertinents
1. Incompétence de la Cour d'appel : La Cour d'appel a confirmé le jugement du tribunal de police qui avait admis un déclinatoire de compétence, en considérant que les faits constituaient une escroquerie. Cependant, la Cour de cassation a relevé que l'arrêt attaqué ne contenait pas de constatation d'une prise de fausse qualité ni de manœuvres frauduleuses, éléments essentiels pour établir le délit d'escroquerie.
> "L'arrêt attaqué se borne à énoncer que dame X... aurait produit aux organismes intéressés des certificats de non-concubinat ; qu'elle a pris la fausse qualité de 'veuve vivant seule', et que cette fausse qualité était suffisante pour constituer le délit d'escroquerie."
2. Absence de base légale : La Cour de cassation a conclu que l'arrêt de la Cour d'appel n'avait pas donné une base légale à sa décision, ce qui justifiait la cassation.
> "En l'état de ces énonciations, l'arrêt attaqué n'a pas donné une base légale à sa décision et que la cassation est encourue de ce chef."
3. Obligation de statuer sur le fond : La Cour d'appel aurait dû, soit confirmer le jugement d'incompétence avec des motifs suffisants, soit infirmer cette décision et statuer sur le fond des accusations.
> "La Cour d'appel devait en se déterminant soit dans le sens où elle a statué, soit en l'infirmant, faire application dans l'une ou l'autre des hypothèses, des dispositions des articles 518 et 549 du Code de procédure pénale."
Interprétations et citations légales
1. Article 505 du Code pénal : Cet article définit les éléments constitutifs de l'escroquerie, notamment la prise de fausse qualité et les manœuvres frauduleuses. La Cour de cassation a souligné que ces éléments n'étaient pas établis dans l'arrêt de la Cour d'appel.
> "L'arrêt attaqué ne contenait pas la constatation ni d'une prise de fausse qualité telle que celle prévue par l'article 405 du Code pénal ni des manœuvres frauduleuses exigées par ledit article."
2. Article 7 de la loi du 20 avril 1810 : Cet article concerne les fausses déclarations et leur répression. La Cour a noté que la demanderesse n'avait pas pris de fausse qualité, mais avait simplement omis de déclarer son état de concubinage.
> "La dame Y..., qui était veuve, depuis le décès de son mari, n'avait pris aucune fausse qualité mais s'est seulement rendue coupable d'une simple réticence."
3. Articles 518 et 549 du Code de procédure pénale : Ces articles régissent la compétence des juridictions pénales et les modalités de renvoi. La Cour a critiqué la décision de la Cour d'appel de renvoyer le ministère public à se pourvoir comme il l'entendait, au lieu de statuer sur le fond.
> "La Cour d'appel devait... statuer au fond et prononcer les peines correctionnelles qu'elle croyait applicables."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de la base légale dans les décisions judiciaires et souligne que les juridictions doivent statuer sur le fond des affaires qui leur sont soumises, en respectant les dispositions légales applicables.