Résumé de la décision
Dans cette affaire, les consorts X... contestent la décision de la Cour d'appel de Douai qui a jugé que leur terrain, situé en bordure de la citadelle de Lille, était frappé par une servitude non aedificandi lors de l'expropriation pour cause d'utilité publique prononcée par ordonnance du 7 février 1956. Les consorts soutenaient que ce terrain était libéré de toute servitude en raison de la loi du 2 avril 1954 qui a déclassé la citadelle sans mentionner les anciennes servitudes militaires. La Cour de cassation a rejeté leur pourvoi, confirmant la décision de la Cour d'appel.
Arguments pertinents
1. Application de la loi de 1919 : La Cour d'appel a retenu que l'article 2 de la loi du 19 octobre 1919, qui établit une servitude non aedificandi pour les terrains de la première zone des servitudes militaires de l'enceinte de Lille, s'applique également à la citadelle, considérée comme partie intégrante de l'enceinte fortifiée. La Cour a précisé que "la preuve de ce fait résulte tant du plan de la place fortifiée que du croquis annexé à la loi".
2. Distinction entre la citadelle et l'enceinte : Les consorts X... soutenaient que la citadelle devait être distinguée de l'enceinte fortifiée, mais la Cour a affirmé que la citadelle est incluse dans l'enceinte, ce qui justifie l'application de la servitude.
3. Appréciation souveraine des juges : La Cour de cassation a souligné que la Cour d'appel a fondé sa décision sur une appréciation souveraine des documents, ce qui rend le moyen des consorts X... irrecevable.
Interprétations et citations légales
1. Loi du 19 octobre 1919 : Cette loi est fondamentale dans l'analyse de la servitude non aedificandi. L'article 1er précise que "seule une portion de l'enceinte fortifiée" est déclassée, tandis que l'article 2 stipule que "dans l'intérêt de l'hygiène et de la salubrité publique, les terrains composant la première zone des servitudes militaires de l'enceinte de Lille continueront d'être grevés de la servitude non aedificandi".
2. Loi du 2 avril 1954 : Les consorts X... ont argué que cette loi a déclassé la citadelle, les libérant ainsi de toute servitude. Cependant, la Cour a interprété que cette loi ne se réfère pas aux anciennes servitudes militaires, et que la servitude non aedificandi demeure applicable.
3. Appréciation des preuves : La décision de la Cour d'appel a été fondée sur une "appréciation souveraine des documents", ce qui signifie que les juges ont eu la latitude d'interpréter les preuves présentées sans que leur décision puisse être remise en question par la Cour de cassation.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation confirme la validité de l'application des servitudes non aedificandi sur le terrain des consorts X..., en s'appuyant sur une interprétation stricte des lois pertinentes et sur une appréciation des faits par la Cour d'appel.