Résumé de la décision
Dans cette affaire, Dame X..., veuve A..., propriétaire d'un appartement à Bastia, a donné congé à Veuve Z..., locataire depuis 1915, pour le 10 juin 1950. Après avoir assigné Veuve Z... en validation du congé, la Cour d'appel de Bastia a déclaré le congé nul, estimant que le bail s'était transmis à la veuve et aux trois fils de feu Ignace Z..., co-locataires indivis. La Cour a jugé que le congé devait être notifié à tous les co-locataires. La Cour de cassation a cassé cette décision en ce qu'elle déclarait le congé nul à l'égard de Veuve Z..., considérant qu'elle avait reçu un congé valide.
Arguments pertinents
1. Sur la validité du congé : La Cour d'appel a estimé que le congé devait être notifié à tous les co-locataires, ce qui a conduit à sa nullité. Cependant, la Cour de cassation a souligné que "le congé délivré à l'un d'eux seule n'en demeure pas moins valable à l'égard de celui qui l'a reçu", ce qui remet en question la nécessité de notifier tous les co-locataires pour la validité du congé.
2. Sur la novation par changement de débiteur : La Cour d'appel a conclu qu'il n'y avait pas eu de novation, car il n'y avait pas de preuve que les fils avaient renoncé à leur droit au bail. La Cour de cassation a confirmé que la volonté d'opérer une novation devait être "certaine et prouvée de façon non équivoque", ce qui n'était pas le cas ici.
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 1736 : Cet article stipule que pour mettre fin à un bail consenti à plusieurs personnes, le congé doit être notifié à chacun des preneurs. La Cour de cassation a interprété cet article en précisant que "le congé délivré à l'un d'eux seule n'en demeure pas moins valable à l'égard de celui qui l'a reçu", soulignant ainsi que le congé est valide même si tous les co-locataires ne sont pas notifiés.
2. Loi du 20 avril 1810 - Article 7 : Cet article précise également les modalités de notification du congé. La Cour de cassation a fait référence à cet article pour justifier que le congé donné à Veuve Z... était suffisant pour mettre fin à son statut de locataire, indépendamment de la situation de ses fils.
Conclusion
La décision de la Cour de cassation a permis de clarifier la question de la validité des congés en matière de baux indivis, en affirmant que le congé donné à un co-locataire est suffisant pour mettre fin à son statut de locataire, même si d'autres co-locataires ne sont pas notifiés. Cela souligne l'importance de la notification dans le cadre des baux et la nécessité d'une preuve claire de la volonté de renoncer à des droits locatifs pour établir une novation.