Résumé de la décision
En date du 9 juin 2017, un bail à usage professionnel a été signé entre Mme B... et la commune de Baie-Mahault, stipulant que les locaux loués devaient être exclusivement utilisés pour le redéploiement des services publics de la ville. En 2020, Mme B... a assigné la commune en référé pour résilier le bail, expulser la commune, et obtenir des indemnités. Le juge des référés s’est déclaré incompétent. Suite à cela, le tribunal administratif de Guadeloupe a transmis la question de compétence au Tribunal des conflits. Ce dernier a finalement statué que le bail n’avait pas le caractère d’un contrat administratif, déclarant ainsi la juridiction judiciaire compétente pour connaître du litige, et annulant les décisions précédentes du juge des référés et du tribunal administratif.
Arguments pertinents
Le Tribunal des conflits a fondé sa décision sur plusieurs points juridiques clés :
1. Nature du bail : Le contrat entre Mme B... et la commune ne présentait pas les caractéristiques d'un marché public ni de contrat administratif. Selon le Tribunal, "le bail, ayant pour objet l'accueil temporaire des services de la ville, ne répond pas à l'exigence d'exécution de service public par la cocontractante."
2. Incompétence de la juridiction administrative : La décision a rappelé que "le contrat ne comporte pas de clauses impliquant des prérogatives de la personne publique, qui sont généralement indicatives d’un régime exorbitant applicable aux contrats administratifs."
3. Renvoi à la juridiction judiciaire : En conséquence, le Tribunal a statué que "la juridiction de l'ordre judiciaire est compétente pour connaître du litige," soulignant son rôle adéquat pour traiter les relations contractuelles entre parties privées et collectivités publiques, lorsque celles-ci ne concernent pas l'exécution d'un service public.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur les lois et décrets suivants :
- Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Ce décret établit les principes régissant la répartition des compétences entre les juridictions administratives et judiciaires. Notamment, l'article 32 définit les critères permettant de déterminer si un contrat est administratif.
- Code des marchés publics : Bien que non explicitement mentionné dans le jugement, l'absence de caractéristiques contractuelles énoncées dans le Code des marchés publics (notamment la nécessité de répondre aux besoins d'un service public) est sous-jacente à la conclusion que le contrat est civil et non administratif.
Citations pertinentes
Les passages clés intègrent une analyse de la nature du contrat et de la compétence des juridictions :
- "Le bail, ayant pour seul objet de répondre aux besoins de fonctionnement des services de la ville et non pas de confier à la cocontractante l'exécution d'un service public dont la commune a la charge, ne revêt pas un caractère administratif."
- "Il appartient en conséquence à la juridiction judiciaire de connaître du litige opposant Mme B... à la commune de Baie-Mahault."
Ainsi, cette décision illustre comment les caractéristiques spécifiques d'un contrat déterminent le type de juridiction compétente pour en connaître, et elle clarifie la séparation entre les compétences judiciaires et administratives dans les relations contractuelles impliquant les collectivités publiques.