Résumé de la décision
La commune de Gélaucourt a cédé des biens immobiliers à l'Office public d'habitations à loyer modéré de la ville de Toul par un acte authentique en 1979. En 2013, la commune a demandé la rétrocédation de ces biens et des dommages-intérêts pour résistance abusive, mais l'Office a contesté la compétence de la juridiction judiciaire. Après plusieurs procédures et rejets, le Tribunal administratif a finalement transmis la question de la compétence au Tribunal. La décision rendue indique que le contrat de cession relève du droit privé et déclare la compétence de l'ordre judiciaire pour trancher le litige, annulant ainsi les précédentes décisions contraires.
Arguments pertinents
1. Caractère administratif du contrat : Le Tribunal a retenu que "le contrat par lequel une personne publique cède des biens immobiliers faisant partie de son domaine privé est, en principe, un contrat de droit privé". En d'autres termes, même lorsque l'acquéreur est une autre personne publique, la nature du contrat reste déterminée par son objet, et non par la qualité des parties.
2. Absence de clauses exorbitantes : Il a été conclu que le contrat en question ne contenait pas de clauses qui justifieraient son régime exorbitant de droit public. "Qu'il ne résulte pas de ses dispositions qu'il aurait pour objet l'exécution d'un service public."
3. Compétence de l'ordre judiciaire : En conséquence, la juridiction de l'ordre judiciaire est déclarée compétente : "il appartient, en conséquence, à la juridiction de l'ordre judiciaire de connaître du litige opposant la commune à l'Office."
Interprétations et citations légales
Les textes de loi cités dans la décision font référence aux principes régissant la distinction entre contrats administratifs et contrats de droit privé :
- Loi du 16-24 août 1790 : Cette loi établit les bases de la séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice dans le contexte administratif et judiciaire.
- Décret du 16 fructidor an III : Il précise des règles relatives aux contrats administratifs.
- Loi du 24 mai 1872 : Elle instaure le principe de la compétence des juridictions administratives pour les litiges opposant les personnes publiques.
- Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Ce décret présente les procédures relatives à la compétence dans les litiges administratifs et judiciaire en France.
Le Tribunal déclare que, d’après les dispositions légales applicables, "le contrat conclu entre l'Office et la commune de Gélaucourt porte sur des biens immobiliers faisant partie du domaine privé de celle-ci", ce qui rappelle que les règles spécifiques de compétence judiciaire doivent être scrupuleusement respectées.
À l'instar du Code administratif - Article L. 210-1 qui établit clairement que les biens du domaine privé des personnes publiques ne sont pas en principe soumis au droit public, la décision souligne une tendance à une clarification nécessaire de la nature des contrats entre personnes publiques et leurs implications juridiques.
Ainsi, la décision s'inscrit dans la continuité d'une jurisprudence qui appelle à une approche rigoureuse concernant la qualification des contrats publics, démontrant la nécessité d'une analyse des clauses contractuelles pour déterminer le droit applicable.