Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre M. A... et son assureur, Generali Assurances, d'une part, et la société Axa Corporate Solutions Assurance, d'autre part. Ce litige fait suite à un accident survenu le 15 décembre 2008 dont la responsabilité pesait sur la société Veolia Eau, assurée par Axa. M. A... et Generali avaient engagé une action directe contre Axa pour obtenir réparation du préjudice subi. La question soulevée était celle de la compétence judiciaire pour entendre cette affaire. La décision du tribunal d'instance de Beaune, qui avait décliné la compétence des juridictions judiciaires au profit des juridictions administratives, a été infirmée. Il a été décidé que la compétence appartenait bien aux juridictions de l'ordre judiciaire.
Arguments pertinents
La décision fondamentalement repose sur la distinction entre l'action directe en réparation, prévue par le Code des assurances, et l'action en responsabilité contre l'auteur du dommage. L'article L. 124-3 du Code des assurances confère à la victime ou à son assureur le droit d'agir directement contre l'assureur de l'auteur du préjudice. Selon le considérant, "si l'action directe...tend à la réparation du préjudice subi par la victime, elle se distingue de l'action en responsabilité contre l'auteur du dommage en ce qu'elle poursuit l'exécution de l'obligation de réparer qui pèse sur l'assureur en vertu du contrat d'assurance.” Il en découle que la compétence revient aux juridictions de l'ordre judiciaire, même si la responsabilité de l'assuré est à l'origine du dommage.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, le tribunal fait référence aux lois et codes suivants :
1. Code des assurances - Article L. 124-3 : Ce texte établit le cadre de l'action directe en faveur de la victime ou de son assureur, permettant d'exiger réparation directement auprès de l'assureur de l'auteur du préjudice.
2. Loi des 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III : Ces textes historiques affirment le principe de la séparation des pouvoirs, comprenant la distinction entre ordre judiciaire et ordre administratif.
3. Loi du 24 mai 1872 et Décret du 26 octobre 1849 modifié : Ces lois apportent un complément concernant l'organisation judicaire et administrative, influençant les compétences respectives.
Le passage clé qui résume l'argumentation juridique est : "il n'appartient qu'aux juridictions de l'ordre judiciaire de connaître des actions tendant au paiement des sommes dues par un assureur au titre de ses obligations de droit privé." Ce raisonnement illustre bien la nature contractuelle des obligations d'un assureur vis-à-vis d'un assuré, distincte de l'appréciation de la responsabilité liée à l'auteur du dommage.
Ainsi, cette décision clarifie que les actions en raison d'obligations contractuelles d'assurance relèvent de la juridiction judiciaire, renforçant la séparation des compétences entre autorités judiciaires et administratives tout en précisant le cadre d'application de l'article L. 124-3 du Code des assurances.