Résumé de la décision
La décision concerne une procédure initiée par la société de gestion hôtelière (SGH) à l'encontre de Mme C... et du Samusocial de Paris, suite à un litige relatif à l'occupation d'un hôtel par Mme C... et sa famille. A partir de janvier 2012, Mme C... a été hébergée dans un hôtel géré par la SGH, bien qu'une décision du Samusocial de Paris ait mis fin à sa prise en charge en avril 2012. La SGH a saisi le tribunal d'instance de Paris pour demander l'expulsion de Mme C... et une indemnisation pour occupation. Le tribunal d'instance s'est déclaré incompétent, et la SGH a alors porté l’affaire devant le tribunal administratif de Paris qui a rejeté les conclusions contre le Samusocial tout en renvoyant la question de compétence au Tribunal des conflits. Ce dernier a finalement décidé que la juridiction judiciaire est compétente pour connaître des demandes de la SGH, même si la convention entre le Samusocial et la SGH avait un caractère administratif.
Arguments pertinents
1. Compétence de la juridiction judiciaire : La décision souligne que, sauf disposition légale contraire, seul le juge judiciaire est compétent pour statuer sur les demandes d'expulsion d'un occupant d'un immeuble appartenant à un particulier. Le Tribunal des conflits note que "la demande de la société SGH tendant à l'expulsion de Mme C... ressortit à la compétence de la juridiction judiciaire".
2. Responsabilité entre personnes privées : Le Tribunal affirme que la juridiction judiciaire est également compétente pour examiner la responsabilité entre deux personnes privées. Cela est essentiel dans le cadre de la demande de la SGH de condamner Mme C... à verser des sommes d'argent. Le Tribunal précise que "la juridiction judiciaire est compétente pour connaître des conclusions de la société SGH dirigées contre Mme C...".
3. Nul et non avenu : En conséquence de sa décision, le jugement du tribunal d'instance du 20 février 2019 est déclaré nul et non avenu dans la mesure où il avait statué sur la demande relative à l'expulsion.
Interprétations et citations légales
1. Loi du 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III : Ces textes posent le principe de séparation des autorités judiciaires et administratives, affirmant que les juridictions judiciaires sont compétentes pour les litiges entre personnes privées.
2. Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Bien que ce décret ne modifie pas les principes fondamentaux de compétence, il fixe les modalités procédurales pour le renvoi des compétences au Tribunal des conflits. Il est mentionné spécifiquement en raison de son rôle dans la détermination de la compétence entre les juridictions administratives et judiciaires.
3. Code administratif - Article 32 du décret du 27 février 2015 : Cet article stipule que toute question de compétence soulevée dans un litige doit être renvoyée au Tribunal des conflits. Le jugement du tribunal administratif de Paris ayant renvoyé la question en se basant sur cet article a été validé par le Tribunal des conflits, qui a ensuite exercé sa compétence.
En conclusion, la décision du Tribunal des conflits clarifie la compétence juridictionnelle pertinente pour les litiges basés sur la situation d'occupation d'un bien privé, dans le cadre d'un contrat ayant une composante administrative. Cela a des implications sur la gestion des recours en matière de responsabilité et d’expulsion dans des contextes similaires.