Résumé de la décision
La SARL Boucherie Cannoise a engagé une procédure contre la commune de Cannes après que celle-ci a notifié son intention de ne pas acquérir son fonds de commerce, alors qu'une délibération du conseil municipal avait approuvé ce principe. La SARL a demandé des dommages-intérêts pour le préjudice subi en raison de la non-exécution de cette délibération. Le tribunal administratif de Nice a soumis la question de compétence à un tribunal supérieur. Celui-ci a statué que le litige, en raison de la nature de l'acte contesté (retrait de la délibération), relève de la compétence de la juridiction administrative.
Arguments pertinents
1. Nature de l'Acte : Le tribunal a affirmé que les actes d'une personne publique qui modifient le périmètre ou la consistance de son domaine privé ne sont pas liés à la gestion de ce domaine, ressortissant ainsi à la compétence de la juridiction administrative. Il est stipulé que "l'acte d'une personne publique, qu'il s'agisse d'une délibération ou d'une décision, [...] ne se rapporte pas à la gestion de ce domaine".
2. Responsabilité de la Commune : La demande formulée par la SARL Boucherie Cannoise vise à engager la responsabilité de la commune pour le non-respect d'une délibération. Le tribunal précise que "la SARL recherche la responsabilité de la commune [...] au sujet du retrait ou de l'absence d'exécution de la délibération".
Interprétations et citations légales
1. Décret du 27 février 2015 : L'article 35 de ce décret délègue expressément la compétence à l'ordre administratif pour les litiges concernant des actes affectant le domaine privé des personnes publiques. Cela permet de clarifier que les contentieux relatifs au retrait ou au non-respect d'une délibération relevant de modifications de domaines sont de la compétence du juge administratif.
2. Loi du 24 mai 1872 : Cette loi est souvent citée pour son rôle dans la séparation des compétences entre l'ordre judiciaire et l'ordre administratif, en clarifiant que les décisions des personnes publiques dans le cadre de leurs prérogatives de puissance publique ne peuvent être contestées que devant une juridiction administrative.
3. Loi des 16-24 août 1790 : Cette loi institue le principe de séparation des administrations et rappelle que les actes des autorités administratives doivent être soumis à un contrôle juridictionnel spécifique. La décision reconnaît que le refus d'exécuter une délibération engagée par un conseil municipal, ce qui modifie le patrimoine de la commune, est bien du ressort du gouvernement administratif.
En conclusion, le jugement rendu souligne l'importance de la compétence administrative en matière de décisions concernant les modifications des domaines privés des collectivités publiques, et illustre une application rigoureuse des principes de droit administratif qui gouvernent les interactions entre citoyens et collectivités.