Résumé de la décision
La présente décision concerne un litige entre la société ENEDIS et l'Office Public de l'Habitat (OPH) de l'Aisne, résultant de l'interprétation de la convention de concession de distribution d'électricité. Selon le cahier des charges, les colonnes montantes appartiennent aux propriétaires d'immeubles, qui peuvent abandonner leurs droits au concessionnaire pour que ce dernier prenne en charge l'entretien et le renouvellement. L'OPH a décidé d’abandonner ces droits, mais ENEDIS conteste cette décision. Le tribunal déclare que la juridiction administrative est compétente pour statuer sur ce litige.
Arguments pertinents
1. Compétence de la juridiction administrative : La décision souligne que l'acte d'abandon de droits par l'OPH, qui touche à l'affectation de son domaine privé, est détaché de la gestion de ce domaine. Par conséquent, "la contestation relative à cet acte ressortit à la compétence du juge administratif."
2. Application de la convention de concession : Il est explicitly mentionné que l'article 15 du cahier des charges de la concession stipule que les colonnes montantes doivent être entretenues par les propriétaires, sauf si ces derniers abandonnent leurs droits, impliquant que l'intention de l'OPH d'abandonner ses droits est juridiquement valable, tant qu'elle est expressément manifestée.
Interprétations et citations légales
1. Loi du 24 mai 1872 : Cette loi ne proscrit pas les décisions unilatérales des personnes publiques concernant leur domaine privé, mais elle évoque le principe de distinction entre domaine public et privé qui doit être respecté. L’importance donnée à cette loi réside dans la reconnaissance des prérogatives des personnes publiques en matière de gestion de leur domaine.
2. Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Celui-ci transpose certaines dispositions qui renforcent la compétence des juridictions administratives pour les actes touchant à l'organisation et la gestion de services publics, incluant les actes unilatéraux qui affectent le domaine privé des personnes publiques.
3. Principes de droit administratif : L'argument selon lequel l’acte d’abandon fait l'objet d'une délibération du conseil d'administration de l'OPH renforce la légitimité de la décision, car il souligne le caractère formel et délibéré de l’abandon. Cela est aussi en ligne avec le principe de séparation des pouvoirs et la nécessité d'une validité légale des décisions publiques, illustrant que le "jugement du juge administratif est requis pour résoudre le différend".
Conclusion
Cette décision confirme la compétence de la juridiction administrative en matière de litige relatif aux actes affectant le domaine privé des personnes publiques. Les dispositions conventionnelles, ainsi que la délibération de l’OPH, sont essentielles pour la détermination des droits et des obligations de chaque partie impliquée dans ce litige.