Résumé de la décision
Dans cette affaire, la communauté de communes de Montaigne, Montravel et Gurson a formé un recours contre une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux qui l'avait mise en cause dans une procédure d'expertise relative à des dommages causés par un glissement de terrain. Les consorts E... avaient demandé une expertise pour déterminer les causes de ces désordres, impliquant également la gestion des eaux pluviales. La cour a réformé l'ordonnance en mettant hors de cause la communauté de communes, considérant que celle-ci n'avait pas la compétence en matière de gestion des eaux pluviales, compétence qui reste facultative et non transférée à la communauté.
Arguments pertinents
La cour a fondé sa décision sur plusieurs points juridiques essentiels :
1. Compétence en matière de gestion des eaux pluviales : La communauté de communes a soutenu, sans être contredite, que la compétence relative à la gestion des eaux pluviales n'avait pas été transférée à elle. Ce point a été reconnu par la commune lors de la première réunion d'expertise.
> "La compétence relative à la gestion des eaux pluviales [...] ne lui a pas été transférée."
2. Utilité de la mise en cause : La cour a jugé qu'il n'y avait pas d'utilité à maintenir la communauté de communes dans la procédure d'expertise, puisque sa responsabiliténe pouvait pas être engagée. Il a été précisé que le juge des référés doit évaluer l'utilité d'une mesure d'instruction ou d'expertise en fonction de la possibilité d'engager la responsabilité d'une personne mise en cause.
> "Il ne peut faire droit à une demande d'expertise permettant d'apprécier les dommages et d'évaluer un préjudice en vue d'engager la responsabilité d'une personne publique dès lors que, manifestement, la responsabilité de la personne mise en cause ne pourra être retenue."
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur le Code de justice administrative, notamment l'article R. 532-1, qui autorise le juge des référés à prescrire des mesures d'expertise sur simple requête. Cet article précise également que les mesures doivent être utiles dans la perspective d'un litige principal :
- Code de justice administrative - Article R. 532-1 : "Le juge des référés peut, sur simple requête et même en l'absence de décision administrative préalable, prescrire toute mesure utile d'expertise ou d'instruction."
La cour souligne l'importance de l'appréciation de l'intérêt d'une mesure d'expertise dans le cadre de la procédure, étant donné que le juge des référés n'est pas saisi du litige principal. Cela soulève des questions sur la pertinence de maintenir une partie dans une procédure lorsque ses responsabilités ne peuvent pas être engagées :
- "L'utilité d'une mesure d'instruction ou d'expertise [...] doit être appréciée [...] au regard de l'intérêt que la mesure présente [...] auquel elle est susceptible de se rattacher."
En somme, cette décision met en lumière le critère de la compétence et de l'utilité dans le cadre des mesures d'instruction ordonnées par le juge des référés, réaffirmant que la mise en cause d'une entité publique doit être fondée sur la possibilité d'engager sa responsabilité.