Résumé de la décision
M. B... a demandé l'annulation d'une ordonnance rendue par le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux le 15 juin 2018, qui avait rejeté sa demande de désignation d'un expert pour évaluer une aggravation de son état de santé suite à une extraction de dents de sagesse effectuée en 2000. Le CHU de Bordeaux, après avoir déjà versé une indemnité suite à une précédente expertise, a contesté la nouvelle demande, arguant que les nouveaux symptômes n'étaient pas liés à l'intervention. La cour a confirmé le rejet de la demande de M. B..., considérant que les expertises antérieures montraient que l'aggravation de son état de santé était sans lien direct avec l'opération.
Arguments pertinents
1. Inutilité de la nouvelle expertise : La cour a souligné que les précédentes expertises avaient établi qu'il n'y avait pas de lien entre l'aggravation de l'état de santé de M. B... et l'intervention chirurgicale. Elle a évoqué que, pour qu'une nouvelle expertise soit ordonnée, il aurait fallu démontrer son utilité pour résoudre un litige potentiel.
> "la recherche porte sur l'utilité qu'il y aurait à compléter ou à étendre les missions faisant l'objet de la première expertise" (article R. 532-1 du Code de justice administrative).
2. Validité des rapports antérieurs : La cour a jugé que la dégradation de l'état de santé n'était pas contestée comme étant directement liée à l'opération chirurgicale, renforçant ainsi la décision de rejet.
> "la dégradation, non contestée, de l'état de santé de ce dernier... ne saurait être regardée comme en lien direct avec l'atteinte neurologique apparue à l'occasion de l'intervention réalisée en 2000".
Interprétations et citations légales
1. Article R. 532-1 du Code de justice administrative :
- Cet article permet au juge des référés d’ordonner des mesures d’expertise pour éclairer un litige potentiel. La cour a insisté sur le fait que cette possibilité est conditionnée à l’existence d’une utilité spécifique de l’expertise demandée.
> "Le juge des référés peut, sur simple requête et même en l'absence de décision administrative préalable, prescrire toute mesure d'expertise ou d'instruction."
2. Implicite de la responsabilité médicale :
- La décision engage une réflexion sur la causalité entre des actes médicaux et leur impact à long terme sur la santé du patient. La cour a considéré que les nouvelles plaintes de M. B... ne pouvaient pas être simplement reliées à l'incident du 7 mars, ce qui est fondamental en matière de responsabilité hospitalière.
3. Droit d’action indemnitaire :
- La cour précise que M. B... conserve son droit de contester les conclusions des expertises précédentes devant le juge du fond, soulignant la distinction entre le rôle du juge des référés et celui du juge de l’indemnité.
> "s'il est loisible à l'appelant, s'il s'y croit fondé, de contester ces deux expertises devant le juge du fond à l'occasion d'une éventuelle action indemnitaire".
En résumé, la cour a rejeté la demande de M. B... en se basant sur l'absence d'utilité d'une nouvelle expertise, fondée sur les conclusions des précédentes expertises, tout en préservant son droit d'agir en indemnité au fond.