Résumé de la décision
M. et Mme A... ont contesté un jugement du tribunal administratif de Pau daté du 14 octobre 2014, qui avait rejeté leur demande de décharge d'impositions. Ces impositions incluent des rappels d'impôt sur le revenu et des taxes foncières et d'habitation. Ils ont formulé plusieurs demandes, notamment l'annulation du jugement, la décharge des impositions contestées, la prise en charge des frais de poursuite par l'administration, et une somme de 2 000 euros pour les frais d'avocat. La cour a décidé de transmettre une partie des conclusions au Conseil d'État, en raison de la compétence exclusive de cette dernière concernant les impositions en litige, et de rejeter le surplus des demandes dans la mesure où elles ne reposaient pas sur des éléments recevables.
Arguments pertinents
1. Compétence juridictionnelle :
La cour a souligné que les conclusions de M. et Mme A... touchant à la décharge des impositions foncières et d'habitation relevaient de la compétence exclusive du Conseil d'État, conformément aux articles R. 222-13 et R. 351-2 du Code de justice administrative.
- Citation pertinente : « les conclusions de M. et Mme A...... ont le caractère d'un pourvoi en cassation relevant de la compétence du Conseil d'Etat. »
2. Régularité des poursuites fiscales :
Il a été décidé que les moyens relatifs à la régularité formelle des poursuites, tels que l'absence d'envoi préalable de la lettre de rappel, devaient être rejetés car la cour n'avait pas compétence pour en connaître en vertu de l'article L. 281 du livre des procédures fiscales.
- Citation pertinente : « Les moyens... doivent être écartés comme portés devant une juridiction incompétente pour en connaître. »
3. Prescription de l'action :
Les requérants ont tenté d'invoquer la prescription de l'action en recouvrement, mais la cour a noté que les sommes avaient été mises en recouvrement en 2009, et le délai de prescription n'était pas écoulé. Donc, cette argumentation a également été rejetée.
- Citation pertinente : « le délai de prescription... n'était donc pas écoulé lorsque leur a été notifié l'avis à tiers détenteur. »
4. Imputation des paiements :
Les contribuables ont soutenu qu'un paiement effectué avait éteint une dette en lien avec l'impôt sur le revenu de 2008, mais la cour a déterminé que, en l'absence d'affectation claire, les sommes avaient été utilisées pour d'autres dettes fiscales.
- Citation pertinente : « celle-ci a fait l'objet d'une imputation sur d'autres dettes fiscales. »
Interprétations et citations légales
1. Compétence du Conseil d'État :
L'article R. 351-2 du Code de justice administrative établit que, pour les conclusions susceptibles de relever de la compétence du Conseil d'État, la cour doit transmettre le dossier à cette dernière. Cette disposition vise à assurer que les affaires soient traitées par la juridiction compétente.
- Code de justice administrative - Article R. 351-2 : « Lorsqu'une cour administrative d'appel est saisie... son président transmet sans délai le dossier au Conseil d'Etat. »
2. Régularité des poursuites fiscales :
L'article L. 281 et l'article L. 255 du livre des procédures fiscales précisent les obligations de l'administration fiscale avant d'engager des poursuites. La cour a tranché que certaines plaintes, portant sur les irrégularités de notification, n'étaient pas recevables dans ce cadre.
- Livre des procédures fiscales - Article L. 281 : « La régularité en la forme des poursuites... doit être portée devant le juge administratif. »
3. Prescription en matière fiscale :
L'article L. 274 du livre des procédures fiscales traite de la prescription des actions fiscales, stipulant que le délai est de quatre ans. La cour a établi que les interruptions liées à la notification des commandements de payer empêchaient l'atteinte de ce délai.
- Livre des procédures fiscales - Article L. 274 : « L'action en recouvrement des impositions s'éteint par la prescription au bout de quatre ans. »
Ces éléments montrent que la décision de la cour repose sur une analyse minutieuse de la compétence juridictionnelle ainsi que sur l'application rigoureuse des textes de loi relatifs au recouvrement fiscal