Résumé de la décision :
Dans un arrêt daté du 12 octobre 2018, la Cour administrative d'appel a annulé le jugement du tribunal administratif de Rouen du 26 juin 2018, qui avait rejeté la demande de Mme E..., ressortissante kosovare, tendant à l'annulation d'un arrêté préfectoral du 26 février 2018. Cet arrêté refusait la délivrance d'un titre de séjour, imposait une obligation de quitter le territoire français et fixait le pays de renvoi. La cour a reconnu une erreur manifeste d'appréciation de la situation personnelle de Mme E..., en raison de son intégration en France, des risques pour sa santé mentale en cas de retour dans son pays d'origine, et a donc ordonné à la préfecture de délivrer à Mme E... un titre de séjour temporaire. La cour a également statué sur les frais liés à l'instance, accordant une somme de 1 000 euros à son avocat.
Arguments pertinents :
1. Erreur manifeste d'appréciation : La cour a constaté que la préfecture avait commis une erreur manifeste d'appréciation en refusant le titre de séjour à Mme E... en dépit de l'intégration de ses enfants en France et des risques pour sa santé mentale. Elle a souligné que "dans les circonstances très particulières de l'espèce", le risque de décompensation psychiatrique de la requérante et l'intégration de ses enfants dans le système éducatif français étaient des éléments déterminants à prendre en compte.
2. Droit à une vie privée et familiale : La mention du besoin de protéger le droit de Mme E... à une vie privée et familiale a été essentielle dans cette décision. La cour a noté que les enfants de Mme E... étaient intégrés et avaient un bon parcours scolaire, ce qui représente un motif fort pour maintenir la famille en France.
3. Injonction à la préfecture : La cour a enjoint la préfecture de délivrer un titre de séjour à Mme E... dans un délai de deux mois, stipulant qu’il n’était pas nécessaire d’assortir cette injonction d’une astreinte, ce qui montre une volonté de ne pas aggraver la situation de la requérante.
Interprétations et citations légales :
- Droit d'asile et séjour des étrangers : La décision a fait référence au Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, soulignant que la préfecture devait tenir compte des conséquences d'un retour pour la santé et la situation sociale de l'étranger. Bien que le texte ne soit pas directement cité, le cadre légal impose une examen approfondi des conditions personnelles des individus concernés.
- Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 : Cette loi, qui régit l'aide juridictionnelle, a été citée dans le cadre de la prise en charge des frais d’instance. L'article 37 de cette loi donne la possibilité à l'avocat de réclamer des sommes au titre de l'aide juridictionnelle, ce qui a été appliqué dans le cas de Mme E....
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : La cour a fait usage de cet article pour ordonner la prise en charge des frais de justice engagés par l’avocat de Mme E..., confirmant qu'il s'agissait d'un droit découlant de l’obtention de l’aide juridictionnelle.
En résumé, la décision reflète une prise en compte attentive des particularités des situations individuelles dans le cadre du droit des étrangers en France, tout en respectant les impératifs légaux liés à l’intégration et aux risques de santé dans le contexte des décisions administratives.