Résumé de la décision :
M.A..., de nationalité ivoirienne, a contesté un arrêté du préfet du Val-de-Marne l'obligeant à quitter le territoire français sans délai de départ volontaire, et une interdiction de retour pour un an. Par ordonnance du 23 janvier 2018, le tribunal administratif d'Amiens a rejeté sa demande comme tardive. M.A... a saisi la cour administrative d'appel pour annuler cette ordonnance et l'arrêté en question. La cour a confirmé le rejet de la requête en raison du non-respect du délai de recours de 48 heures, lors duquel il n'a pas prouvé avoir été dans l'impossibilité matérielle de contester la décision.
Arguments pertinents :
1. Délai de recours : Selon l'article L. 512-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, tout étranger a un délai de 48 heures à compter de la notification pour contester un arrêté d'obligation de quitter le territoire. M.A... a déposé sa requête tardivement, soit après ce délai, au greffe du tribunal administratif.
2. Preuve de l'impossibilité matérielle : M.A... a soutenu qu'il n'a pas eu accès aux moyens nécessaires pour faire appel durant sa retenue en centre, notamment l'absence d'assistance d'un avocat et l'impossibilité d'utiliser les outils de communication. Toutefois, la cour a noté que le règlement intérieur du centre de rétention permettait aux détenus d'accéder à des bénévoles et d'envoyer des télécopies. Par conséquent, la cour a considéré qu'il ne prouvait pas avoir été réellement dans l'impossibilité de former un recours.
Interprétations et citations légales :
- Délai de recours : L'interprétation des délais de contestation est précise. L'article L. 512-1 - Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile stipule que : "L'étranger qui fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire sans délai peut... demander au président du tribunal administratif l'annulation de cette décision... dans les quarante-huit heures suivant sa notification par voie administrative." La notion de "notification" est cruciale pour établir le point de départ du délai.
- Opposabilité des délais : L'article R. 421-5 - Code de justice administrative précise que "les délais de recours contre une décision administrative ne sont opposables qu'à la condition d'avoir été mentionnés... dans la notification de la décision." Dans cette affaire, la notification contenait les voies de recours, permettant ainsi de rendre le délai opposable à M.A....
Cette décision met en lumière l'importance de la rigueur dans le respect des délais de recours en matière de droit des étrangers et la nécessité pour les requérants de prouver leur impossibilité de se défendre dans les délais impartis, à travers des arguments bien fondés et des preuves tangibles.