Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a été saisie par le préfet du Nord qui contestait un jugement du tribunal administratif de Lille. Ce jugement annulait un arrêté du préfet daté du 13 mars 2020, qui avait refusé à Mme B..., ressortissante algérienne, la délivrance d'un certificat de résidence "vie privée et familiale", et lui imposait une obligation de quitter le territoire français. La cour a confirmé le jugement du tribunal, en considérant que le refus de titre de séjour était disproportionné au regard des liens personnels et familiaux de Mme B... en France. En conséquence, la requête du préfet a été rejetée et une somme a été accordée à l'avocat de Mme B... au titre de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
La cour a soutenu que :
1. Lien familial et intégration : Mme B..., partie intégrante d'une famille en France, a été confiée à sa sœur aînée par un acte de kafala. Elle bénéficie de son soutien et a poursuivi ses études en France, démontrant ainsi une intégration forte. Les éléments pris en compte, tels que sa scolarité réussie et son hébergement, sont essentiels à l’appréciation de la situation. La cour a expliqué que le préfet ne pouvait pas contester le fait que ces liens fondent un droit au respect de sa vie privée et familiale au sens de l’article 6 de l’accord franco-algérien.
2. Proportionalité : La décision de refus de titre de séjour a été jugée disproportionnée au regard des liens tissés par Mme B... en France, ce qui a directement mené à l'annulation de l'ordonnance préfectorale. La cour a précisé que le préjudice causé par le refus aurait porté atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale : "le refus d'autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée".
Interprétations et citations légales
Les articles et textes de loi interprétés dans cette décision incluent :
- Accord franco-algérien - Article 6 : Cet article établit que le certificat de résidence doit être délivré de plein droit aux ressortissants algériens dont les liens en France sont tels que le refus d'autoriser leur séjour porterait atteinte à la vie privée et familiale. Il est précisé que cette atteinte doit être disproportionnée par rapport aux motifs du refus.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article permet à une personne d'obtenir le remboursement de ses frais de justice, faisant référence à l'aide juridictionnelle. Il mentionne que « si elle obtient gain de cause, l'État doit verser à son avocat une somme déterminée ».
- Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Cet article, en relation avec le précédent, traite du montant et des conditions sous lesquelles les frais d’avocat peuvent être remboursés, indiquant que le montant doit être en adéquation avec la nature de l’affaire.
En somme, la décision de la cour s’appuie sur un équilibre entre le respect de la vie privée et familiale des étrangers résidant en France et le pouvoir discrétionnaire des autorités préfectorales. La reconnaissance des droits liés aux liens familiaux a joué un rôle crucial dans l'issue favorable pour Mme B....