Résumé de la décision :
La SAS Entreprise Gilbert a contesté un jugement l'ayant assujettie à des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés pour les exercices 2008, 2009 et 2010, au motif de provisions jugées irrégulières pour créances douteuses. La cour a rejeté la requête de la société, confirmant que la constitution de ces provisions était injustifiée en raison de l'absence de justifications quant à l'insolvabilité des clients. En conséquence, les conclusions au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ont également été rejetées.
Arguments pertinents :
1. Régularité des provisions : La cour a appliqué l'article 39 du code général des impôts, qui stipule que les provisions peuvent être déduites si elles répondent à des critères de probabilité et de précision. La société n'a pas prouvé que ces créances étaient effectivement irrécouvrables ni qu'elle avait engagé des démarches suffisantes pour en obtenir le paiement.
> "Il résulte de l'instruction que l'administration fiscale a remis en cause les provisions passées par la société Entreprise Gilbert sur des créances douteuses sur clients pour 100 % de leur base hors taxes."
2. Application de l'article L. 80 : La cour a précisé que la SAS Entreprise Gilbert ne pouvait pas invoquer l'article L. 80 en matière de compensation, car celui-ci ne s'applique pas aux contentieux fiscaux. Ce dernier article concerne le contrôle de l'impôt et non les demandes en justice.
> "La société Entreprise Gilbert ne peut utilement se prévaloir des dispositions précitées de l'article L. 80 du livre des procédures fiscales, qui [...] ne s'appliquent pas aux demandes de compensation présentées dans le cadre d'une instance contentieuse."
3. Doctrine administrative : La cour a statué que la société ne pouvait pas se prévaloir de l'interprétation de la doctrine administrative relative à la compensation, n'ayant pas démontré que l'interprétation antérieure ait été clairement admise par l'administration.
> "La société ne peut utilement se prévaloir d'une 'réunion du 25 juin 1985' [...] faute qu'il soit ainsi établi qu'une prise de position formelle de l'administration ait résulté de cette réunion."
Interprétations et citations légales :
1. Article 39 du Code général des impôts : Cet article encadre les provisions déductibles que les entreprises peuvent constituer. Il souligne la nécessité que ces provisions soient "nettement précisées" et que les charges soient "probables".
> "Le bénéfice net est établi sous déduction de toutes charges, celles-ci comprenant [...] 5° Les provisions constituées en vue de faire face à des pertes ou charges nettement précisées [...] qu'elles apparaissent, en outre, comme probables."
2. Article L. 80 du Livre des procédures fiscales : Ce texte concerne la possibilité pour l'administration fiscale de compenser les différents types d'impôts. Il clarifie que ses dispositions ne s'appliquent pas au cadre contentieux.
> "L'administration peut effectuer toutes les compensations entre l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés [...] établis au titre d'une même année."
3. Article L. 80 A du Livre des procédures fiscales : Cet article protège les contribuables qui appliquent la doctrine administrative dans leurs déclarations. Il pose les conditions dans lesquelles l'administration ne peut pas procéder à un rehaussement.
> "Il ne sera procédé à aucun rehaussement d'impositions antérieures si la cause du rehaussement poursuivi par l'administration est un différend sur l'interprétation par le redevable de bonne foi du texte fiscal."
Ces éléments révèlent l’importance de la rigueur dans la constitution des provisions et la compréhension des différentes voies légales dans les contentieux fiscaux. L'entreprise doit non seulement justifier ses créances mais également s'assurer que les interprétations des textes fiscaux sont correctement appliquées.