Résumé de la décision :
La Cour administrative d'appel a été saisie par Mme B..., qui contestait une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Nice, rejetant sa demande d'expertise médicale suite à une chute survenue le 19 avril 2016 devant la maison des solidarités départementales de Cannes. Mme B... attribuait la responsabilité de sa chute au département des Alpes-Maritimes, arguant de la dangerosité de la rampe d'accès. Cependant, la cour a confirmé la décision du juge des référés, considérant qu'il n'existait pas de lien de causalité évident entre le préjudice allégué et la responsabilité du département.
Arguments pertinents :
Les arguments clés de la décision sont les suivants :
1. Absence de preuve solide : Le juge des référés a conclu que Mme B... n'avait pas fourni de preuves suffisamment concrètes sur les circonstances de sa chute. Ses déclarations n'étaient étayées que par des éléments subjectifs, tels que celles de son fils, et ne faisaient pas l'objet de constats officiels. La cour souligne que les circonstances de la chute sont principalement fondées sur des déclarations ultérieures et contradictoires de Mme B... (par exemple, passant d'un "pas de porte non visible" à un "bloc de béton").
2. Inapplicabilité de la responsabilité du département : Le département des Alpes-Maritimes a été reconnu comme locataire des lieux, la propriété étant en réalité celle d'Habitat 06, une société d'économie mixte. La cour a jugé que le département ne devait pas assumer la responsabilité de l'entretien de l'ouvrage, cela incombant au propriétaire. Ce point est crucial car il affaiblit le lien de causalité allégué entre le préjudice et la responsabilité du département.
3. Incidence de l'imprudence de la victime : Le mémoire du département évoque également une possible imprudence de la victime qui pourrait expliquer sa chute, renforçant l'idée qu'il n'y a pas de lien direct et certain entre le préjudice et la faute alléguée.
Interprétations et citations légales :
La décision s’appuie sur plusieurs dispositions du Code de justice administrative :
- Code de justice administrative - Article R. 532-1: Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures d'expertise ou d'instruction si cela s'avère utile. La cour a rappelé que l'utilité d'une expertise doit être appréciée compte tenu des éléments à disposition du demandeur ainsi que de l’intérêt de la mesure dans le cadre d’un litige principal.
- Code de justice administrative - Article L. 555-1: Cet article attribue au président de la cour administrative d’appel la compétence pour statuer sur les appels des décisions du juge des référés.
La cour a également fait référence à une décision antérieure (CE, 14.02.2017, n° 401514), précisant que le juge ne peut pas donner suite à une demande d'expertise sans établir un lien manifeste entre le préjudice évalué et la faute imputée à la personne publique.
En conclusion, la décision de la Cour a été marquée par une interprétation rigoureuse des critères d’engagement de la responsabilité administrative, mettant l’accent sur l'absence de preuves solides et sur le principe que la responsabilité d'entretien incombe au propriétaire, ce qui a conduit à la confirmation du rejet de la demande de Mme B....