Résumé de la décision
M. A... a saisi la Cour le 23 octobre 2018, demandant un sursis à l'exécution d'un jugement du tribunal administratif de Marseille du 11 juin 2018. Ce jugement avait rejeté sa demande d'annulation de l'arrêté du 26 octobre 2017 du préfet des Bouches-du-Rhône, qui refusait de lui accorder un séjour et lui enjoignait de quitter le territoire français. M. A... soutenait que l'exécution de cette décision entraînerait des conséquences difficilement réparables, violait ses droits selon l'accord franco-algérien et la Convention européenne des droits de l'homme, et qu'il aurait dû bénéficier d'un délai de départ volontaire plus long. La Cour a rejeté sa requête, concluant que les arguments de M. A... n'étaient pas suffisants pour justifier un sursis et que le jugement contesté ne pouvait pas conduire à une mesure d'exécution.
Arguments pertinents
La décision repose sur plusieurs arguments juridiques significatifs :
1. Absence d'effet suspensif : Conformément à l'article R. 811-14 du Code de justice administrative, le recours en appel ne suspend pas l'exécution de la décision attaquée. La Cour a rappelé que le sursis peut être accordé si des conséquences irréparables sont à craindre, comme précisé par l'article R. 811-17 du même code : "le sursis peut être ordonné à la demande du requérant si l'exécution de la décision de première instance attaquée risque d'entraîner des conséquences difficilement réparables et si les moyens énoncés dans la requête paraissent sérieux en l'état de l'instruction."
2. Conséquences difficilement réparables : M. A... a évoqué sa résidence habituelle en France et sa scolarisation, mais la Cour a estimé que ces éléments ne suffisaient pas à établir des conséquences irréparables résultant de l'exécution de l'arrêté du préfet. La Cour a donc conclu que M. A... n'était pas fondé à demander un sursis.
3. Rejet de la demande d'injonction : Les conclusions de M. A... concernant l'injonction au préfet de lui délivrer une autorisation de séjour ont été également rejetées, car elles ne pouvaient être accueillies dans le cadre de la procédure de sursis.
Interprétations et citations légales
La décision de la Cour s'appuie sur plusieurs textes législatifs qui définissent les conditions de recours et les mesures de sursis :
- Code de justice administrative - Article R. 811-14 : Cet article établit que le recours en appel n'a pas d'effet suspensif, sauf disposition contraire par le juge d'appel. Ce fondement législatif justifie la position de la Cour selon laquelle l'ordonnance de sursis d'exécution demande une justification sérieuse des conséquences de la décision contestée.
- Code de justice administrative - Article R. 811-17 : Ce texte précise que pour qu'un sursis soit accordé, il faut que l'exécution de la décision entraîne des conséquences difficilement réparables et que les moyens soulevés semblent sérieux. Dans cette affaire, la Cour a estimé que M. A... n'a pas démontré ce risque, ce qui a conduit au rejet de sa demande de sursis.
- Article R. 222-1 : Cet article mentionne que les ordonnances peuvent être motivées par des raisons précises, permettant ainsi de rejeter des conclusions en matière de sursis si celles-ci ne sont pas fondées juridiquement.
Dans l’ensemble, la décision de la Cour illustre les exigences élevées qui doivent être satisfaites pour qu'un sursis à l'exécution d'une décision administrative soit accordé, en mettant un accent particulier sur la démonstration de conséquences que l’on peut qualifier d'irréparables.