Résumé de la décision
Dans un arrêt rendu le 11 octobre 2018, la Cour administrative d'appel de Marseille a rejeté la requête de Mme D..., ressortissante ukrainienne, qui contestait un arrêté du préfet des Alpes-Maritimes du 6 novembre 2017. Cet arrêté rejetait sa demande de titre de séjour sur le fondement de l'asile et lui imposait une obligation de quitter le territoire français. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif de Nice du 8 décembre 2017, en considérant que les moyens invoqués par la requérante n'étaient pas fondés.
Arguments pertinents
1. Absence de droit d’être entendu : La Cour a confirmé que le moyen tiré du défaut du droit d'être entendu devait être écarté, se référant aux motifs du premier juge qui n'appelaient pas de précisions en appel.
2. Transposition de la directive : Concernant la méconnaissance de l'article 10 § 1 de la directive du 1er décembre 2005, la Cour a noté que la directive avait été transposée dans le droit national par la loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006, antérieurement à l'arrêté contesté, soulignant que la requérante ne pouvait en conséquence pas invoquer ce moyen : "la requérante ne peut en revanche se prévaloir de la méconnaissance de l'article 10 § 1", ce qui affaiblissait ses arguments.
3. Application de l'article L. 741-2 : La Cour a également estimé que l'article L. 741-2 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, qui régit l'accès à la procédure d'asile, ne pouvait pas être invoqué pour contester le droit d'être entendu au sujet de l'éloignement.
4. Stipulations de la Convention : Enfin, concernant l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la Cour a également rejeté le moyen par adoption des motifs des premiers juges, affirmant qu'une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale n'était pas démontrée.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 512-1 : Cet article précise que c'est l'autorité administrative qui établit les règles de procédure pour l'éloignement. La Cour souligne que "le législateur a entendu déterminer l'ensemble des règles de procédure administrative et contentieuse", signifiant que les règles spécifiques sur l'éloignement priment sur la procédure générale énoncée dans le Code des relations entre le public et l'administration.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Le rejet des conclusions à fin d'injonction et d'aide juridictionnelle est fondé sur le fait que la requérante n'a pas eu gain de cause. La décision confirme ainsi que les dispositions prévoient que l'État n'est pas tenu de rembourser les frais d'un litige lorsque celui-ci échoue.
3. Convention européenne des droits de l'homme - Article 8 : L’évaluation de la Cour concernant le respect du droit à la vie privée et familiale se fait à l'aune de "l'intérêt de la société" à contrôler l'immigration, renforçant l'idée qu'une mesure d’éloignement peut être justifiée lorsque les droits invoqués ne sont pas suffisamment avérés.
Ces interprétations et citations montrent que la Cour administrative d'appel de Marseille a validé la légalité de l'arrêté contesté par Mme D... tout en soulignant la nécessité d'une séparation claire entre les procédures applicables en matière d'asile et celles concernant l'éloignement.