Résumé de la décision
L'EURL Via Mare, spécialisée dans l'organisation de promenades en mer touristiques en Corse, a contesté une cotisation supplémentaire d'impôt sur les sociétés pour l'année 2012, opposée par le ministre des finances suite à une vérification fiscale. Le tribunal administratif de Bastia a accueilli sa demande, estimant que ces activités n'étaient pas considérées comme du transport de passagers excluant ainsi l'application de certaines dispositions fiscales. Le ministre a interjeté appel de cette décision. La Cour a rejeté le recours du ministre, confirmant ainsi le jugement du tribunal administratif.
Arguments pertinents
1. Nature de l'activité : La Cour a constaté que, bien que l'EURL Via Mare réalise des transports en mer, son activité principale consistait à offrir des prestations touristiques et de loisirs. Cela justifie son éligibilité au crédit d'impôt car "même si ces prestations comportaient le transport des voyageurs par bateau, l'activité de la société devait être qualifiée d'activité de loisirs et non d'activité de transport de voyageurs".
2. Exclusion des activités de transport : Selon l'article 244 quater E du code général des impôts, les activités de transport sont explicitement exclues, mais la Cour a interprété cette exclusion à la lumière des travaux préparatoires de la loi du 22 janvier 2002. Cela implique que le législateur n’a pas étendu cette exclusion aux prestations de type "promenade en mer", qui ne relèvent pas des transports classiques entre ports.
3. Compatibilité avec le droit de l'Union européenne : Un des fondements de l'exclusion est la nécessité de maintenir la conformité avec le droit européen sur les aides d'État. La Cour a déterminé que le secteur du transport maritime, selon le règlement CEE n° 4055/86, ne concernait que les transports entre ports, ce qui signifie que des activités telles que les promenades en mer ne sont pas soumises à cette stricte définition.
Interprétations et citations légales
1. Article 244 quater E du Code général des impôts : Les dispositions de cet article stipulent que "les petites et moyennes entreprises... peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt... autres que... le transport...". Cependant, la Cour a interprété que l’intention du législateur excluait spécifiquement le transport entre ports plutôt que les activités récréatives comme les promenades en mer.
2. Règlement CEE n° 4055/86 : Cet acte réglementaire précise que le secteur du transport maritime concerne surtout les trajets entre ports. La Cour a noté que "le secteur du transport maritime... ne comporte, s'agissant des voyageurs, que les transports par mer entre les ports", permettant ainsi de distinguer les prestations de loisirs des transports commerciaux traditionnels.
En conclusion, la décision de la Cour a été fondée sur une interprétation nuancée des lois fiscales et réglementaires, prenant en compte la nature spécifique des opérations de l'EURL Via Mare, et confirmant ainsi que les activités touristiques en mer peuvent être éligibles à un crédit d'impôt, à condition qu'elles ne soient pas considérées comme du transport entre ports.