Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a examiné un recours du ministre de l'économie et des finances contre un jugement du tribunal administratif de Nice, qui avait déchargé la société Chancel Ltd de l'impôt sur les sociétés pour l'exercice 2010, s'élevant à 136 354 euros. Suite à une vérification de comptabilité, il avait été établi que la société avait mis gratuitement une villa à la disposition de son unique associé, ce qui constituait un avantage en nature imposable. La Cour a annulé le jugement du tribunal administratif, justifiant que Chancel Ltd ne pouvait pas bénéficier de la mesure de tempérament prévue par l'instruction administrative puisque la société n'avait pas respecté ses obligations déclaratives liées à la taxe annuelle de 3% sur les biens immobiliers. En conséquence, la somme de 136 354 euros a été remise à la charge de la société Chancel Ltd.
Arguments pertinents
1. Inobservation des obligations déclaratives : La Cour a soutenu que Chancel Ltd, en tant que redevable de la taxe, devait respecter les obligations déclaratives établies par la loi. Puisqu'elle n’avait pas souscrit la déclaration relative à la taxe annuelle de 3 % avant la date limite, elle ne pouvait pas bénéficier de la mesure de tempérament.
> "la société Chancel Ltd n'a pas souscrit la déclaration relative à la taxe annuelle de 3 % due au titre de l'année 2010 avant le 15 mai 2011."
2. Application des instructions administratives : La Cour a pris en compte le principe énoncé dans l'instruction administrative du 7 août 2008, invoqué par la société, selon lequel l’attribution gratuite de la jouissance d'immeubles à des associés pouvait permettre d'éviter l'imposition sur les sociétés. Cela a été écarté sur le fondement du non-respect des obligations déclaratives.
> "Dans la mesure où la personne morale en cause ne se borne pas à laisser gratuitement à un ou plusieurs associés personnes physiques la jouissance d’immeubles ayant supporté la taxe, elle ne sera pas soumise à l'impôt sur les sociétés..."
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs articles du Code général des impôts et l'interprétation de la doctrine administrative. Voici quelques éléments clés :
1. Article 990 D - Cette disposition impose aux personnes morales propriétaires d’immeubles en France de verser une taxe annuelle de 3 % sur leur valeur vénale. Cela oblige les redevables à faire une déclaration sur l'état des biens immobiliers.
> "Les entités juridiques doivent déclarer au plus tard le 15 mai de chaque année la situation, la consistance et la valeur des immeubles..." (Code général des impôts - Article 990 D)
2. Paragraphe n° 152 de l'instruction administrative - Cet article précise les conditions dans lesquelles une société peut ne pas être imposable sur l’avantage en nature consenti à ses associés.
> "Il est admis que la valeur nette de l’avantage en nature ainsi consenti ne soit pas prise en compte pour la détermination des résultats de la personne morale." (Instruction administrative n° 7Q-1-08)
3. Article 990 G - Cet article précise que la taxe n’est pas déductible pour le calcul de l'assiette de l'impôt sur les sociétés, renforçant la nécessité pour les sociétés de respecter les obligations fiscales.
> "La taxe prévue à l'article 990 D n'est pas déductible pour l'assiette de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les sociétés." (Code général des impôts - Article 990 G)
En conclusion, la Cour a affirmé que le non-respect des obligations déclaratives préfigurait le droit à la décharge d'impôt demandée par la société. Cette décision illustre la nécessité pour les entités juridiques de se conformer scrupuleusement aux exigences fiscales pour éviter des conséquences financières substantielles.