Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a été saisie par Mme C... épouse D..., ressortissante algérienne, qui contestait un jugement du tribunal administratif de Marseille ayant rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté préfectoral du 7 juin 2016 lui refusant le renouvellement de son titre de séjour en qualité de conjointe de Français. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, estimant que le préfet était fondé à refuser le renouvellement du titre de séjour en raison de l'absence de communauté de vie entre les époux, sans méconnaître les stipulations des accords franco-algériens ou les droits prévus par la Convention européenne des droits de l'homme.
Arguments pertinents
1. Absence de communauté de vie : Le préfet a décidé de ne pas renouveler le titre de séjour de Mme C... en raison d'une enquête de police qui a mis en évidence l'absence de communauté de vie avec son époux. La Cour a constaté que cette enquête n'était pas contestée par la requérante et qu'elle n'avait pas produit de documents justifiant une continuité de la vie commune. Ainsi, le motif de refus était jugé comme valide.
Citation pertinente : "le préfet était fondé pour ce seul motif à refuser de renouveler le titre de séjour de l'intéressée."
2. Inapplicabilité des articles de l'accord franco-algérien : La requérante n’a pas pu prouver sa résidence ininterrompue en France ou justifier d'un moyen d'existence, ce qui l'a empêchée de revendiquer les droits découlant de l'article 7 bis de l'accord franco-algérien permettant d'obtenir un certificat de résidence de dix ans.
Citation pertinente : "elle ne saurait ainsi... se prévaloir des stipulations susmentionnées de l'article 7 bis de l'accord franco-algérien."
3. Respect de la vie privée et familiale : Concernant l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, la Cour a jugé que Mme C... ne prouvait pas d'attaches familiales en France et ne démontrait pas d'isolement dans son pays d'origine. Ainsi, la décision du préfet n'avait pas constitué une ingérence injustifiée dans son droit au respect de sa vie privée et familiale.
Citation pertinente : "le préfet des Bouches-du-Rhône n'a pas, en prenant l'arrêté contesté, porté atteinte à son droit au respect de sa vie privée et familiale."
Interprétations et citations légales
1. Accord franco-algérien - Article 6 : Cet article énonce les conditions dans lesquelles un ressortissant algérien marié à un Français peut obtenir un titre de séjour. Les dispositions précisent que le certificat de résidence est délivré de plein droit sous certaines conditions, notamment la communauté de vie entre les époux.
Citation pertinente : "Le certificat de résidence d'un an... est délivré de plein droit : (...) 2. Au ressortissant algérien, marié avec un ressortissant de nationalité française...".
2. Accord franco-algérien - Article 7 bis : Cet article stipule qu'un ressortissant algérien marié à un Français peut obtenir un certificat de résidence de dix ans sous certaines conditions de résidence et d’établissement en France. La Cour a refusé l'application de cet article à Mme C... en raison du défaut de preuves sur sa résidence ininterrompue et le moyen d’existence.
Citation pertinente : "les ressortissants algériens... peuvent obtenir un certificat de résidence de dix ans s'ils justifient d'une résidence ininterrompue en France de trois années".
3. Convention européenne des droits de l'homme - Article 8 : Ce texte garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Toutefois, la Cour a établi que Mme C... ne démontrait pas d'atteintes réelles à ce droit qui justifieraient une intervention contre l'arrêté préfectoral.
Citation pertinente : "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale... Il ne peut y avoir ingérence... que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure nécessaire...".
Cette décision souligne ainsi l'importance d'établir une communauté de vie et de produire des preuves concrètes pour bénéficier d'un titre de séjour en tant que conjoint d'un citoyen français, ainsi que le respect des engagements internationaux tout en tenant compte des circonstances individuelles de chaque requérant.