Résumé de la décision :
M. B..., de nationalité tunisienne, a déposé une demande de titre de séjour en France, qui a été refusée par arrêté du préfet des Alpes-Maritimes en date du 5 novembre 2014. Le tribunal administratif de Nice a rejeté la contestation de M. B... contre cet arrêté par jugement du 6 mars 2015. M. B... a alors saisi la cour administrative d'appel, demandant l'annulation du jugement et de l'arrêté préfectoral ainsi que l'obtention d'un titre de séjour “vie privée et familiale”. La cour a annulé le jugement du tribunal administratif et l'arrêté du préfet en raison de l'atteinte disproportionnée au droit de M. B... au respect de sa vie privée et familiale, en lien avec l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.
Arguments pertinents :
1. Intégration familiale : M. B... a démontré qu'il résidait en France avec son épouse et leurs deux enfants, qui sont scolarisés sur le territoire. Cela illustre l'intensité de ses liens familiaux en France, indispensable pour l'application de l'article 8 de la Convention.
2. Violation de l'article 8 : La cour a jugé que le refus de titre de séjour constituait une ingérence dans la vie familiale de M. B..., disproportionnée par rapport aux raisons avancées par l'administration. La cour a précisé que "le refus de séjour opposé à l'intéressé porte au droit de celui-ci au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée au regard des buts en vue desquels il a été pris."
Interprétations et citations légales :
1. Article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme : La décision se fonde sur le fait que toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale. L'article 8, paragraphe 1, stipule : "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance." La cour a interprété cet article comme un impératif auquel les décisions administratives doivent se conformer, surtout en matière de séjour des étrangers.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-11 (7°) : Cet article souligne les conditions de régularisation des étrangers en France fondées sur des liens familiaux. La position de M. B..., dont le droit au séjour était interconnecté avec celui de son épouse ainsi que le bien-être de leurs enfants scolarisés, justifie la prise en compte de ses circonstances particulières.
3. Pouvoir discrétionnaire du préfet : L'arrêt indique que bien que le préfet ait un pouvoir discrétionnaire en matière de délivrance de titre de séjour, "cette ingérence ne peut se faire qu'à la condition qu'elle soit nécessaire dans une société démocratique, ce qui n'est pas le cas ici".
En somme, la cour a tranché en faveur de M. B..., fondant sa décision sur le droit au respect de la vie familiale, affirmant que le refus du préfet, en l'absence de raison valable pouvant justifier une telle ingérence, est incorrect et doit être annulé.