Résumé de la décision
M. C..., ressortissant marocain, a contesté un jugement du tribunal administratif de Toulon qui avait rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté du préfet du Var, lui refusant un changement de statut de "travailleur saisonnier" à "salarié". En vertu de cet arrêté, M. C... était en outre contraint de quitter le territoire français. La cour administrative d'appel a ensuite confirmé le jugement du tribunal, considérant que bien que M. C... ait eu le droit de demander un changement de statut, il n’avait pas satisfait à la condition de production d’un visa de long séjour, ce qui justifiait le refus administratif.
Arguments pertinents
1. Possibilité de demande de changement de statut : La Cour a nullifié le premier argument du préfet selon lequel M. C... ne pouvait pas demander un statut de salarié. La demande de changement de statut d'un titre "travailleur saisonnier" à un titre "salarié" est acceptée, même si le préfet a d'abord dit le contraire. La décision précise : "Aucun texte ni aucun principe ne fait obstacle à ce qu'un ressortissant marocain titulaire d'un titre de séjour portant la mention "travailleur saisonnier" sollicite... la délivrance d'un titre de séjour portant la mention 'salarié'".
2. Exigences de visa de long séjour : Cependant, le refus du préfet était également basé sur le fait que M. C... ne pouvait justifier d’un visa de long séjour, ce qui est une exigence légale pour le changement de statut. La Cour rappelle que "le préfet du Var, qui n'était pas tenu d'instruire la demande d'autorisation de travail produite... faute pour ce dernier d'avoir produit un tel visa de long séjour, aurait pris la même décision en se fondant sur ce seul motif".
3. Protection des droits de l'homme : M. C... a également fait valoir une violation de l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme, mais la cour a rejeté ce moyen, adoptant les motifs du tribunal administratif selon lesquels ce droit n'avait pas été méconnu.
Interprétations et citations légales
- Accord franco-marocain du 9 octobre 1987 : Cet accord définit les conditions de séjour des ressortissants marocains en France. Il permet aux ressortissants de demander un titre de séjour "salarié" tout en stipulant qu'ils doivent répondre aux exigences nationales, qui incluent le visa de long séjour. En particulier, l'article 3 précise que "les ressortissants marocains désireux d'exercer une activité professionnelle salariée en France... reçoivent... un titre de séjour valable un an renouvelable…". Cependant, l'article 9 rappelle que "les stipulations de cet accord ne font pas obstacle à l'application de la législation des deux Etats".
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-2 : Cet article impose que pour demander un titre de séjour "salarié", l’intéressé doit justifier d’un visa de long séjour. Cela a été central dans la décision où il est précisé que "ce titre ne pouvait légalement se substituer au visa de long séjour exigé..."
En conclusion, la décision de la cour souligne la complexité et les exigences légales strictes entourant le changement de statut de séjour pour les ressortissants étrangers, tout en confirmant le droit de ces derniers à demander un changement de statut, tant qu'ils respectent les exigences légales associées.