Résumé de la décision
Le Tribunal administratif a examiné la requête de Mme B... A..., citoyenne albanaise, qui demandait l'annulation d'une décision du préfet de Meurthe-et-Moselle refusant de lui délivrer un titre de séjour mentionnant "vie privée et familiale". Mme A..., entrée en France en novembre 2016, a eu un enfant avec son compagnon, qui a depuis obtenu la protection subsidiaire. La cour a jugé que le refus de séjour portait une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée et familiale, conduisant à l'annulation de la décision préfectorale et du jugement du tribunal administratif. Le préfet a été enjoint de délivrer à Mme A... un titre de séjour dans un délai de deux mois, sans astreinte, et les frais de justice demandés par la requérante ont été rejetés.
Arguments pertinents
1. Atteinte à la vie privée et familiale : La décision du préfet a été jugée illégale car elle portait une atteinte disproportionnée au droit de Mme A... au respect de sa vie privée et familiale. La cour a souligné que "compte tenu des circonstances très particulières" - le choix de Mme A... de rester en France pour fonder une famille - le préfet avait méconnu ses obligations.
2. Inadéquation de la décision préfectorale : La cour a conclu que le préfet n’a pas tenu compte de l’importance de la vie familiale de Mme A... dans le cadre de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, notant que cette décision n'était pas proportionnée par rapport aux objectifs qu'elle visait.
3. Annulation du jugement antérieur : Le jugement du tribunal administratif de Nancy, qui avait confirmé la décision du préfet, a également été annulé sur la base des mêmes considérations.
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne : Cet article protège le droit à la vie privée et familiale. La cour a cité : "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance" et a interprété que toute ingérence d'une autorité publique doit être "nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique...".
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-11 : Cet article prévoit les conditions dans lesquelles un étranger peut obtenir un titre de séjour. La cour a soutenu que le préfet devait procéder à un examen particulier de la situation de Mme A..., ce qui n'a pas été fait.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Bien que Mme A... ait demandé des frais de justice, la cour a jugé qu'il n'y avait pas lieu de mettre à la charge de l'État une somme à verser à son avocate, soulignant que la généralité des circonstances "ne justifiait pas une telle indemnisation".
Cette décision illustre l'importance d'un examen approfondi des situations individuelles dans le cadre de la délivrance de titres de séjour et démontre la protection accordée par la convention européenne des droits de l'homme en matière de vie familiale.