Résumé de la décision
Mme A... B..., ressortissante colombienne, a contesté un arrêté du préfet du Territoire de Belfort qui lui imposait de quitter le territoire français. Elle soutenait que cet arrêté était entaché de détournement de pouvoir, qu'il portait atteinte à sa vie privée et familiale, et qu'il méconnaissait l'article 3 de la convention européenne des droits de l'homme. Le tribunal administratif de Besançon a rejeté sa demande. En appel, la cour a confirmé cette décision, considérant que l'arrêté n'était pas illégal et que les griefs présentés par Mme A... B... ne pouvaient pas être accueillis.
Arguments pertinents
1. Détournement de pouvoir : La cour a estimé que l'arrêté du préfet n'était pas motivé par la prévention d'un mariage frauduleux, mais par la situation irrégulière de Mme A... B... sur le territoire. "Cette mesure d'éloignement ne peut être regardée comme ayant eu pour motif déterminant la prévention du mariage", établissant ainsi que le détournement de pouvoir allégué n'est pas prouvé.
2. Atteinte au droit au respect de la vie privée : En écho à l’article 8 de la convention européenne des droits de l'homme, la cour a noté que le séjour irrégulier de l’intéressée, ainsi que sa situation familiale (notamment le fait qu'elle a des attaches en Colombie), ne faisaient pas de l'arrêté une atteinte disproportionnée à ses droits. Elle a déclaré que "l'arrêté attaqué n'a pas porté au droit de l'intéressée au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée".
3. Risques liés au retour en Colombie : Concernant la crainte de violences de son ancien conjoint, la cour a jugé que Mme A... B... n’avait pas fourni d’éléments probants pour justifier cette crainte. Ainsi, la décision de renvoi ne violait pas l’article 3 de la convention européenne des droits de l'homme, qui prohibe les traitements inhumains ou dégradants, car "elle n'établit pas [...] que la décision fixant son pays de renvoi l'exposerait à des traitements prohibés".
Interprétations et citations légales
1. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que le juge peut condamner une partie aux dépens. La cour a référencé cet article pour justifier le rejet de la demande de Mme A... B..., en considérant que "l'Etat, qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante", ne pouvait pas être condamné à verser la somme prévue pour les frais exposés.
2. Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme : La cour a appuyé ses décisions sur cet article qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale. Elle a interprété cet article en considérant la situation familiale de Mme A... B..., mais a conclu que le maintien de sa situation irrégulière sur le territoire justifiait l'arrêté du préfet.
3. Article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme : Cet article prohibe les traitements inhumains ou dégradants. La cour a souligné l'absence de preuves fournies par Mme A... B... pour soutenir ses craintes liées à son retour en Colombie, concluant qu'un renvoi ne constitue pas une violation de cet article sans un fondement solide.
En somme, la décision de la cour repose sur une analyse rigoureuse de la situation de Mme A... B..., ainsi que sur une application stricte des normes juridiques en matière de traitement des étrangers sur le territoire français.