Résumé de la décision
La décision traitée concerne l'annulation des opérations électorales du 15 mars 2020 à Cléon (Seine-Maritime) suite à une requête présentée par Mmes F... et AD... contre la liste "Aimons, Transformons Cléon", conduit par M. L.... Ce dernier contestait le jugement du tribunal administratif de Rouen qui avait annulé les résultats électoraux, en raison de la diffusion tardive d'un tract à caractère diffamatoire la veille des élections. La cour a rejeté la requête de M. L... et mis à sa charge 2 500 euros, tout en rejetant également la demande d'indemnisation présentée par Mmes F... et AD...
Arguments pertinents
1. Violation de l’article L. 48-2 du code électoral : La décision souligne que "la campagne électorale prend fin la veille du scrutin à zéro heure", ce qui indique clairement que toute communication électorale après cette échéance doit être considérée avec prudence. Le tract diffusé par M. L... contenait des éléments de polémique électorale nouveaux pouvant influencer le scrutin, en ce sens qu'il était "significatif" par sa distribution tardive le 13 mars 2020, ne permettant pas aux candidates de répondre efficacement.
2. Impact sur la sincérité du scrutin : La cour a affirmé que "la diffusion du tract litigieux a été de nature à altérer la sincérité du scrutin", car les candidates n’avaient pas la possibilité de répondre de manière appropriée aux accusations portées contre elles.
3. Rejet des demandes de Mmes F... et AD... : La décision conclut qu'il n'y avait pas lieu de faire droit à leur demande d'indemnisation au titre des frais du contentieux, car les circonstances de l'espèce ne justifiaient pas une telle compensation.
Interprétations et citations légales
L'analyse de cette décision requiert la prise en compte des articles essentiels du code électoral :
- Code électoral - Article L. 48-2 : Cet article stipule : "Il est interdit à tout candidat de porter à la connaissance du public un élément nouveau de polémique électorale à un moment tel que ses adversaires n'aient pas la possibilité d'y répondre utilement avant la fin de la campagne électorale." Ce texte montre l'importance de garantir l’égalité de traitement entre les candidats durant la campagne, en évitant toute manipulation ou désinformation à l'approche des élections.
- Code électoral - Article L. 49 : La phrase "la campagne électorale prend fin la veille du scrutin à zéro heure" met en évidence les limites temporelles dans lesquelles les candidats doivent fonctionner. Cela implique que toute communication effectuée après cette limite doit être considérée comme potentiellement disruptive pour l'équité du scrutin.
Ces textes manifestent une volonté législative claire de protéger la sincérité des élections en restreignant la possibilité d'attaques de dernière minute qui pourraient déstabiliser le processus électoral et influencer le choix des électeurs de manière injuste. La décision du tribunal administratif en ce sens réaffirme ces principes tout en appliquant les conséquences appropriées face aux violations constatées. La cour a ainsi pris la mesure des atteintes à l'équité électorale, rendant une décision conforme aux impératifs démocratiques.