Résumé de la décision
Le 21 octobre 2014, lors d'un arrêt sur l'aire de repos de la Guillotière, une chute d'arbre a causé le décès de Mme D..., fille de Mme C...B... . En conséquence, Mme B... a demandé la réparation du préjudice au département de l'Aube, qui a été partiellement condamné par le tribunal administratif. Ce dernier jugement a été contesté en appel par le département, qui a soutenu qu'il avait assuré un entretien correct de l'ouvrage.
La cour a rejeté la requête du département de l'Aube, confirmant que sa responsabilité était engagée en raison de l'absence de preuve d'un entretien normal de l'arbre, conduisant ainsi à la confirmation de la condamnation à verser 9 939 euros à Mme B...
Arguments pertinents
1. Preuve du lien de causalité : La victime doit prouver le lien entre le dommage et l'ouvrage public. Ici, "la collectivité en charge de l'ouvrage public peut s'exonérer de sa responsabilité en rapportant la preuve soit de l'entretien normal de l'ouvrage, soit de ce que le dommage est imputable à la faute de la victime ou à un cas de force majeure."
2. Entretien de l'ouvrage : Le département a allégué avoir effectué un entretien normal des arbres, mais "il ne produit pas les pièces de nature à démontrer, de manière probante, que l'arbre en cause avait effectivement fait l'objet d'un contrôle visuel ou phytosanitaire." La cour a souligné qu'il ne suffisait pas d'affirmer qu'il y avait des contrôles, mais que la preuve devait être fournie.
3. Cas de force majeure : La cour a statué que "la circonstance que le vent soufflait à 80 km/h ne saurait en l'espèce constituer un cas de force majeure de nature à exonérer le département de sa responsabilité."
Interprétations et citations légales
- Rôle de la victime : Selon la jurisprudence, c'est à la victime de prouver sa demande. Ce principe est aligné avec le Code civil - Article 1242, qui stipule que "on est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre."
- Responsabilité des collectivités : Pour établir la responsabilité des collectivités en matière d'ouvrage public, la jurisprudence exige la preuve d'un entretien normal. Cette exigence est renforcée par le Code de justice administrative - Article L. 761-1, qui prévoit que les frais exposés par les parties peuvent être mis à la charge de la collectivité en cas de défaillance dans l'entretien et de preuve de responsabilité.
- Absence de preuve par le département : La cour a spécifiquement noté que les documents fournis par le département, tels que des photographies sans date et des rapports sans détails sur les vérifications, ne suffisaient pas à établir la diligence requise en matière d'entretien des espaces publics. Cela souligne l'importance de fournir des preuves matérielles concrètes dans les affaires de responsabilité.
En conclusion, la cour a statué que le département de l'Aube n'a pas réussi à prouver son entretien normal de l'ouvrage, ce qui a conduit à la confirmation de la responsabilité de la collectivité et du jugement initial du tribunal administratif.