Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... a interjeté appel d'un jugement rendu par le tribunal administratif de Caen le 26 avril 2018, qui avait rejeté sa demande d'indemnisation de 6 000 euros en raison de préjudices subis dus à des retards de Pôle Emploi concernant la transmission d'attestations au rectorat, lesquelles permettraient de bénéficier d'une aide au retour à l'emploi "formation". La cour administrative d'appel a statué que le tribunal administratif a statué en premier et dernier ressort concernant ce type de demande indemnitaire, et par conséquent, la cour n’a pas la compétence d'examiner l'appel, transférant l'affaire au Conseil d'État. De plus, les conclusions de Mme A... relatives aux frais d’avocat, présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, ont été rejetées, Pôle Emploi n'étant pas la partie perdante.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de l'appel : La cour a souligné que le tribunal administratif a statué en premier et dernier ressort en vertu de l'article R. 811-1 du code de justice administrative, concernant des litiges relatifs aux prestations versées aux travailleurs privés d'emploi. Ce point est crucial car il indique que les décisions du tribunal administratif dans ce domaine ne peuvent être frappées d'appel, mais uniquement faire l'objet d'un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État.
2. Action indemnitaire liée aux missions de Pôle Emploi : La cour a indiqué que les actions indemnitaires relatives aux conditions d’exercice des missions de Pôle Emploi relèvent des litiges concernant les prestations destinées aux travailleurs privés d'emploi, soutenant ainsi le principe selon lequel « une action indemnitaire liée aux conditions dans lesquelles Pôle Emploi exerce ses missions [...] relève des litiges relatifs aux prestations » (para 4 de la décision).
Interprétations et citations légales
Article R. 811-1 du code de justice administrative
- Cet article précise que « Toute partie présente dans une instance devant le tribunal administratif [...] peut interjeter appel contre toute décision juridictionnelle, sauf si le tribunal a statué en premier et dernier ressort pour certains litiges relatifs aux prestations, allocations ou droits attribués. » Cette disposition a été au cœur de la décision qui a conduit à la transmission de la requête au Conseil d'État, confirmant que la juridiction administrative ne pouvait pas examiner l'appel.Article R. 351-2 du code de justice administrative
- En vertu de cet article, lorsque des conclusions relèvent de la compétence du Conseil d'État, la cour administrative d'appel doit transmettre le dossier au Conseil d'État, qui « poursuit l’instruction de l’affaire ». Ce cadre légal est fondamental, car il garantit que les affaires relevant d'une compétence supérieure ne sont pas erronément examinées par des instances inférieures.En conclusion, cette décision met en lumière les principes de compétence juridictionnelle ainsi que les limitations apportées aux voies de recours dans le cadre des litiges relatifs à l'indemnisation et aux prestations administratives, et elle illustre l'importance du respect des structures hiérarchiques du système judiciaire français.