Résumé de la décision
Mme A... B..., représentée par son avocat, a contesté un jugement du tribunal administratif de Nantes qui avait rejeté sa demande d'annulation de la décision du ministre de l'intérieur, datée du 29 mai 2018. Cette décision avait ajourné sa demande de naturalisation pour une durée de deux ans en raison d’une contravention liée à la conduite d’un véhicule sans assurance. La cour administrative d'appel a confirmé le rejet de la requête de Mme B..., considérant que la décision contestée était suffisamment motivée et que le ministre n'avait pas fait d'erreur manifeste d'appréciation.
Arguments pertinents
1. Motivation de la décision : Le tribunal a constaté que la décision du ministre de l'intérieur comportait l'énoncé des considérations de droit et de fait qui en constituaient le fondement, rendant ainsi le moyen d'insuffisance de motivation en fait.
> "Par suite, le moyen tiré de son insuffisance de motivation doit être écarté comme manquant en fait."
2. Pouvoir d'appréciation du ministre : La cour a affirmé que le ministre a le pouvoir d'évaluer l’opportunité d’accorder la naturalisation, prenant en compte les renseignements défavorables concernant le comportement du candidat.
> "Il appartient au ministre chargé des naturalisations de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la naturalisation à l'étranger qui la sollicite."
3. Gravité des faits reprochés : La cour a conclu que les faits reprochés à Mme B... (conduite sans assurance) étaient suffisamment graves et récents pour justifier l'ajournement de sa demande de naturalisation.
> "le ministre de l'intérieur, eu égard au large pouvoir dont il dispose pour apprécier l'opportunité d'accorder la naturalisation... n'a pas entaché sa décision d'une erreur manifeste d'appréciation."
Interprétations et citations légales
1. Droit de la nationalité : La décision s’appuie sur les articles du code civil relatif à l'acquisition de la nationalité française par décret. L'article pertinent stipule que la naturalisation est accordée à l'étranger par décret à la demande de l'intéressé.
> Code civil - Article 21-15 : "L'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger."
2. Conditions et ajournement : L'article 48 du décret du 30 décembre 1993 permet au ministre de prononcer non seulement un rejet, mais aussi un ajournement, le ministre ayant le droit d'imposer un délai ou des conditions.
> Décret n° 93-1362 - Article 48 : "Il peut également en prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions."
3. Evaluation de la situation personnelle : La reconnaissance par la cour que la conformité aux conditions de résidence et d'assimilation de Mme B... n’est pas suffisante pour révoquer la décision d’ajournement.
> "la circonstance que Mme B... remplirait les conditions de résidence et d'assimilation... est sans incidence sur la légalité de la décision attaquée."
Cette analyse met en lumière la complexité des décisions administratives dans le cadre des demandes de naturalisation et souligne le pouvoir discrétionnaire du ministre dans l’appréciation des candidatures.