Résumé de la décision
La Société du Grand Paris a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Melun pour obtenir l'autorisation d'occuper temporairement une propriété privée à Champigny-sur-Marne afin de réaliser des travaux publics. Cette demande a été rejetée par le juge des référés. La Société du Grand Paris a alors formé un recours en cassation, soutenant que le juge avait commis une erreur de droit en considérant que la loi de 1892 interdisait l'autorisation demandée. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés, déclarant que cette dernière ne pouvait être rejetée uniquement pour des raisons de compétence préfectorale. En conséquence, le syndicat des copropriétaires de la résidence Gabriel Péri a été condamné à verser 3 000 euros à la Société du Grand Paris.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a relevé plusieurs points juridiques essentiels dans sa décision :
1. Compétence du juge des référés : « Lorsque le juge des référés est saisi d'une demande qui n’est pas manifestement insusceptible de se rattacher à un litige relevant de la compétence du juge administratif, il peut prescrire toutes mesures que l'urgence justifie, à condition qu'elles soient utiles et ne se heurtent à aucune contestation sérieuse. » Cela indique que le juge doit examiner le fond de la demande plutôt que de la rejeter uniquement pour des motifs de compétence administrative.
2. Application de la loi de 1892 : Le juge des référés a considéré que, compte-tenu des caractéristiques du terrain, l'article 2 de la loi du 29 décembre 1892 bloquait l'autorisation de l'occupation temporaire. Le Conseil d'État a infirmé ce raisonnement, considérant qu'une analyse approfondie des circonstances était nécessaire avant de conclure à l'irrecevabilité de la demande.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 521-3 : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures urgentes en cas de litige, soulignant que le juge peut agir même sans décision administrative préalable. Ce texte précise que « [...] le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles sans faire obstacle à l'exécution d'aucune décision administrative. » Cela renvoie à la capacité du juge à intervenir lorsque les conditions d'urgence sont présentes.
- Lois relatives à l'occupation temporaire - Loi du 29 décembre 1892 - Article 2 : Il vise à protéger les propriétés privées contre les occupations temporaires non souhaitées lors de travaux publics. Toutefois, le constat du Conseil d'État est que l'interprétation stricte de cet article ne doit pas conduire à l'irrecevabilité de la demande, mais plutôt à une analyse plus fine des besoins d'occupation, selon les circonstances particulières de chaque cas.
En somme, le Conseil d'État a souligné l'importance d'une évaluation équilibrée des demandes d'occupation temporaire dans le cadre de travaux publics, tout en respectant les droits des propriétaires concernés, ce qui impose une réflexion plus nuancée que celle initialement offerte par le juge des référés.