Résumé de la décision
M. D. B..., un ressortissant marocain, a demandé l'annulation d'un jugement du tribunal administratif de Nantes qui avait rejeté sa demande de naturalisation. Dans sa requête, il contestait le rejet de sa demande par le préfet de Haute-Savoie, soutenant qu'il était parfaitement intégré à la société française. La cour a rejeté sa requête, confirmant que la décision du ministre de l'Intérieur d’ajourner sa demande de naturalisation était justifiée par des éléments d'appréciation relatifs à son comportement fiscal.
Arguments pertinents
1. Inopérance du moyen tiré de l'article 21-24 : La cour a considéré que le moyen soulevé par M. B... relatif à l'article 21-24 du Code civil, qui impose une justification de l'assimilation à la communauté française, était inopérant. En effet, la décision du ministre ne déclarait pas la demande irrecevable, ce qui signifie que cet argument ne pouvait pas être retenu.
- Citation pertinente : « la décision contestée ne déclare pas irrecevable la demande de naturalisation présentée par M. B... ; que, par suite, le moyen tiré de l'article 21-24 du code civil est inopérant et doit être écarté. »
2. Pouvoir d'appréciation du ministre : La cour a reconnu le large pouvoir d’appréciation du ministre de l'Intérieur lorsqu'il s'agit d'évaluer l'opportunité d'accorder la nationalité française. Elle a jugé que le ministre pouvait légalement prendre en compte des éléments défavorables au comportement du requérant.
- Citation pertinente : « il appartient au ministre de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la nationalité française à l'étranger qui la sollicite. »
3. Comportement fiscal défaillant justifiant le rejet : M. B... a été jugé sur la base de son indication de célibat dans ses déclarations fiscales, alors qu'il était marié et avait des enfants. Cet aspect de son comportement fiscal a été considéré comme un motif légitime pour décider d’ajourner sa demande de naturalisation.
- Citation pertinente : « il ressort des pièces du dossier et qu'il n'est pas sérieusement contesté par M. B... que celui-ci a indiqué depuis 2007 dans ses déclarations fiscales être célibataire [...] dès lors, compte tenu du très large pouvoir d'appréciation qui est le sien en matière de naturalisation, c'est sans commettre d'erreur... »
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 21-24 : Cet article stipule que « Nul ne peut être naturalisé s'il ne justifie de son assimilation à la communauté française... ». La cour a statué que le moyen tiré de cet article était inopérant, car la demande de M. B... n'a pas été déclarée irrecevable.
2. Code civil - Article 21-15 & Décret n°93-1362 : Ces articles traitent de l'acquisition de la nationalité française par décret. La cour a souligné que le ministre peut choisir d'ajourner une demande de naturalisation en fixant un délai ou des conditions.
- Citation pertinente : « Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... il peut également en prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions. »
La décision se fonde ainsi sur une interprétation stricte des critères d'assimilation et sur l'exercice du pouvoir discrétionnaire par les autorités administratives en matière de naturalisation.