Résumé de la décision
Dans un arrêt rendu le 27 avril 2021, la cour a annulé le jugement du tribunal administratif de Nantes du 25 juin 2020 qui avait annulé la décision du ministre de l'intérieur d'ajourner de deux ans la demande de naturalisation de M. A... D... Cette décision avait été prise en raison d'un rappel à la loi dont M. D... avait fait l'objet pour des infractions liées à l'emploi illégal d'un étranger et au travail dissimulé. La cour a conclu que le ministre avait exercé son pouvoir d'appréciation sans commettre d'erreur manifeste.
Arguments pertinents
1. Large pouvoir d'appréciation : La cour a rappelé que l'autorité administrative en matière de naturalisation dispose d'un "large pouvoir d'appréciation". Le juge administratif ne doit pas substituer son appréciation à celle de l'administration tant qu'il n'y a pas d'erreur manifeste d'appréciation.
2. Renseignements défavorables : Les "renseignements défavorables recueillis sur le comportement du postulant" peuvent être pris en compte lors de l'appréciation de l'opportunité d’accorder la nationalité. La cour a constaté que le ministre a justifié son ajournement sur la base des antécédents de M. D...
3. Inexactitude des faits : M. D... a contesté sa responsabilité dans les infractions, arguant qu'il n'était ni gérant ni décisionnaire. Toutefois, la cour a observé qu'il n'a pas pu établir que les faits constatés étaient matériellement inexacts.
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 21-15 : Cet article stipule que l'acquisition de la nationalité française par naturalisation résulte d'une décision de l'autorité publique. Cela confère au ministre un rôle central et un large pouvoir d'appréciation quant aux demandes de naturalisation.
2. Décret n° 93-1362 - Article 48 : Cet article permet au ministre de prononcer un ajournement en imposant un délai ou des conditions si l'octroi de la naturalisation n’apparaît pas justifié. La cour a relevé que "le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation", ce qui s'applique ici en raison des antécédents de M. D...
Ces textes soulignent l'importance de l'évaluation des comportements des postulants à la nationalité française et soulignent la marge d'appréciation laissée à l’autorité administrative, sujet à une censure par le juge seulement en cas d'excès ou d'erreur manifeste dans l'appréciation des faits. La cour a donc validé la décision du ministre, considérant qu'elle ne reposait pas sur une erreur manifeste.