Résumé de la décision
La décision concerne un appel de la société A2pia Senso contre un jugement du tribunal administratif de Rennes qui confirmait la décision du ministre du travail d'annuler l'autorisation de licenciement pour motif économique de M. A..., un salarié protégé. À l'origine, l'inspecteur du travail avait autorisé ce licenciement, mais le ministre a jugé cette décision insuffisamment motivée et a estimé ne plus être compétent pour statuer sur la demande d'autorisation. La cour a finalement annulé la décision du ministre, notamment en raison d'une erreur de droit concernant la compétence, tout en maintenant le rejet des demandes de frais par M. A...
Arguments pertinents
1. Compétence de l'autorité administrative : La cour souligne que, pour évaluer les motifs économiques justifiant un licenciement dans un groupe d'entreprises, l'autorité administrative doit prendre en compte non seulement la situation de la société requérante mais aussi celle du groupe. L'inspecteur du travail a manqué à cette obligation lors de sa décision.
> "Pour apprécier la réalité des motifs économiques allégués [...] l'autorité administrative ne peut se borner à prendre en considération la seule situation de l'entreprise demanderesse."
2. Erreur de droit : La cour constate que le ministre a commis une erreur en s'estimant incompétent pour statuer sur le licenciement de M. A... alors qu'à la date de l'envoi de la convocation à l'entretien préalable, M. A... bénéficiait encore de la protection attachée à son mandat de délégué du personnel.
> "En s'estimant incompétent pour statuer sur le licenciement de M. A..., le ministre a entaché sa décision d'une erreur de droit."
3. Sur les frais liés au litige : La cour a statué qu'il n'y avait pas lieu d'imposer des frais à M. A... ou à la société A2pia Senso, n'accordant pas les demandes respectives en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
> "Qu'il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de M. A... la somme que la société A2pia Senso sollicite en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 2421-12 du Code du travail : Cet article précise que la décision de l'inspecteur du travail doit être motivée, ce qui implique que toute appréciation des motifs économiques devait tenir compte de la situation globale du groupe d'entreprises.
> "La décision de l'inspecteur du travail est motivée." (Code du travail - Article R. 2421-12)
2. Article R. 2422-1 du Code du travail : Cet article stipule que le ministre chargé du travail peut annuler ou réformer la décision de l'inspecteur du travail sur recours, soulignant la procédure de contrôle hiérarchique des décisions prises par l'inspecteur.
> "Le ministre chargé du travail peut annuler ou réformer la décision de l'inspecteur du travail." (Code du travail - Article R. 2422-1)
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article régit les frais liés aux litiges, permettant à la cour de répartir les frais d’instance entre les parties, en fonction de qui a été reconnu comme partie perdante.
> "Les frais exposés et non compris dans les dépens sont à la charge de la partie perdante." (Code de justice administrative - Article L. 761-1)
En somme, la décision de la cour met en lumière la nécessité, pour l'autorité administrative, de procéder à une évaluation complète des circonstances d'un licenciement, en tenant compte des données des groupes d'entreprises. Elle insiste également sur le respect des droits des salariés protégés dans le cadre des procédures de licenciement.