Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B..., ressortissant marocain, conteste un arrêté du préfet des Hauts-de-Seine en date du 10 janvier 2014, qui rejetait sa demande de titre de séjour et l’obligeait à quitter le territoire français. Le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise avait précédemment rejeté sa demande d’annulation. M. B... fait appel de cette décision en soutenant notamment qu’il avait résidé en France de manière continue depuis 2002 et que ses liens avec son pays d'origine étaient distendus. La cour a annulé le jugement du tribunal administratif et l'arrêté préfectoral, enjoignant au préfet de réexaminer la demande de M. B... dans les deux mois suivant la notification de l'arrêt.
Arguments pertinents
Les arguments clés de la décision reposent sur plusieurs fondements juridiques :
1. Présence continue en France : M. B... a démontré une présence continue en France depuis 2002, ce qui établit son droit à demander un titre de séjour. La Cour note que "c'est à tort que le préfet des Hauts-de-Seine s'est abstenu de consulter la commission départementale du titre de séjour" concernant sa demande.
2. Consultation de la commission : La loi impose que "l'autorité administrative est tenue de soumettre pour avis à la commission mentionnée à l'article L. 312-1 la demande d'admission exceptionnelle au séjour" pour les étrangers résidant en France habituellement depuis plus de dix ans, ce qui s'applique ici.
3. Injonction : La Cour a jugé qu'il n'est pas nécessaire que le préfet délivre un titre de séjour immédiatement, mais qu'il doit "réexaminer la demande de M. B... dans un délai de deux mois", ce qui laisse à l'autorité une marge de manœuvre pour évaluer la situation.
4. Frais juridiques : Enfin, l'État a été condamné à payer à M. B... 1 500 euros au titre des frais exposés, ce qui reconnaît les coûts engagés par M. B... pour faire valoir ses droits.
Interprétations et citations légales
La décision se base sur plusieurs articles du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, notamment :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-14 : Cet article autorise la délivrance d'une carte de séjour temporaire pour des raisons humanitaires, rendant obligatoire la consultation de la commission pour les demandeurs ayant une présence continue en France de plus de dix ans.
La Cour souligne que "l'admission au séjour répond à des considérations humanitaires" et insiste sur l'importance d'une évaluation juste des demandes basées sur la durée de séjour et l'intégration dans la société française.
Ainsi, la décision souligne une double interprétation : d’une part, la nécessité de prendre en compte la situation personnelle de l’individu en matière de séjour en France, et d’autre part, l’obligation d’agir dans le cadre légal établi par le droit français et les conventions internationales. L’arrêt rappelle également que "l'illégalité de la décision de refus de délivrance d'un titre de séjour prive de base légale la décision d'obligation de quitter le territoire français". Cela établit un lien direct entre la légalité de la demande de titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire, renforçant la nécessité d'une évaluation correcte par les autorités compétentes.