Résumé de la décision
La société AMERICAN GOODS a demandé l'annulation d'une décision du 28 mars 2017 de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), qui l'a condamnée à payer des contributions financières en raison de l'emploi de deux ressortissants indiens en situation irrégulière sur le territoire français lors d'un contrôle effectué le 5 septembre 2016. Le tribunal administratif de Montreuil, par un jugement du 3 décembre 2018, a rejeté sa demande. La Cour a confirmé ce jugement, soulignant que la décision de l'OFII était bien fondée, indépendamment des arguments de la société concernant l'irrégularité du contrôle policier et la situation actuelle des travailleurs concernés.
Arguments pertinents
1. Irrégularité du contrôle policier : La société a soutenu que l'OFII ne pouvait fonder sa décision sur le procès-verbal du contrôle du 5 septembre 2016 en raison de son irrégularité, reconnue par un jugement pénal. Cependant, la Cour a noté que même si cette irrégularité était avérée, les propos du gérant de la société lors d'une audition ont confirmé l'embauche des travailleurs sans vérification des documents nécessaires, ce qui constitue une violation des dispositions légales. Cela découle des articles L. 8251-1 et L. 8253-1 du Code du travail, qui interdisent l'emploi d'étrangers non autorisés et prévoient des contributions spéciales en cas de contravention.
2. Obtention de titres de séjour : La société a également fait valoir que les ressortissants indiens avaient obtenu des titres de séjour après les faits, mais cela n'a pas d'impact sur la légalité de la décision de l'OFII, car la mise à la charge de l'employeur pour les contributions financières est fondée sur la situation au moment de l'infraction.
3. Titres de perception : Concernant les titres de perception, la Cour a rejeté la demande d'annulation qui s'appuyait sur l'annulation présumée de la décision de l'OFII, affirmant que les titres sont légitimement fondés sur l'infraction constatée.
Interprétations et citations légales
1. Dispositions relatives à l’emploi d’étrangers : Ces situations sont régies par le Code du travail - Article L. 8251-1 : "Nul ne peut, directement ou indirectement, embaucher, conserver à son service ou employer pour quelque durée que ce soit un étranger non muni du titre l'autorisant à exercer une activité salariée en France." Cela établit clairement les obligations de l'employeur quant au statut légal des travailleurs.
2. Contributions pour violation : Selon le Code du travail - Article L. 8253-1, "l'employeur qui a employé un travailleur étranger en méconnaissance des dispositions (...) acquitte, pour chaque travailleur étranger non autorisé à travailler, une contribution spéciale." Cette disposition soutient l'aspect punitif des mesures à l'égard des employeurs qui ne respectent pas la législation concernant l'emploi des étrangers.
3. Responsabilité financière des employeurs : Le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 626-1 précise : "l'employeur qui aura occupé un travailleur étranger en situation de séjour irrégulier acquittera une contribution forfaitaire représentative des frais de réacheminement de l'étranger dans son pays d'origine." Cette contribution ne dépend pas de l'organisation effective d'un rapatriement, ce qui souligne le caractère préventif et dissuasif de la loi.
En somme, la Cour a confirmé la légalité des décisions de l'OFII et des sanctions imposées à la société AMERICAN GOODS, établissant ainsi une firme interprétation des obligations des employeurs vis-à-vis des travailleurs étrangers.