Résumé de la décision
Mme B... a sollicité le juge des référés du Conseil d'Etat pour suspendre l'exécution de certains articles du décret n° 2020-1454 du 27 novembre 2020 et du décret n° 2020-1582 du 14 décembre 2020, ainsi que pour demander au gouvernement de prendre des mesures pour concilier les libertés fondamentales avec la lutte contre la pandémie. Elle a soutenu que ces décrets portent atteinte à des libertés fondamentales, qu'ils sont injustifiés et disproportionnés. En revanche, le juge des référés a rejeté sa requête, considérant que les arguments présentés ne démontrent pas une situation d'urgence justifiant une intervention rapide du juge.
Arguments pertinents
1. Intérêt pour agir : Le juge a d'abord rappelé que l'atteinte à une liberté fondamentale ne suffit pas à établir une situation d'urgence. Il a précisé : "Il appartient au juge des référés d'apprécier... si la condition d'urgence particulièrement requise par l'article L. 521-2 est satisfaite."
2. Absence de preuve de l'urgence : Les allégations de Mme B... concernant les atteintes à ses libertés et l'inutilité des mesures n'ont pas constitué, selon le juge, une preuve d'un préjudice grave et immédiat. Ainsi, il a tranché que "ces allégations ne sauraient caractériser une situation d'urgence au sens de l'article L. 521-2 du code de justice administrative."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'urgence :
- Le juge a mentionné que le caractère d'urgence doit être "justifié par l'urgence" selon l'Article L. 521-2 du Code de justice administrative. Cela signifie qu'il ne suffit pas de prétendre à des atteintes pour établir l'urgence, mais qu'il faut des éléments concrets prouvant un préjudice imminent.
2. Compétence et cadre légal :
- La décision se réfère à la possibilité pour le juge d'agir rapidement dans des situations d'urgence, mais cela est encadré par l'exigence que la demande doit "appartenir à la compétence de la juridiction administrative, [être] irrecevable ou [être] mal fondée" (Article L. 522-3 du Code de justice administrative). Cela signifie que le juge évalue non seulement la pertinence des arguments, mais également leur admissibilité procédurale.
3. Primauté du droit et libertés fondamentales :
- L'évaluation de la proportionnalité et de la nécessité des mesures est importante dans ce type de décision. Le juge a indiqué que l'intérêt public doit aussi être pris en compte, ce qui implique une balance entre la protection des libertés et les mesures de santé publique en période de crise.
En somme, la décision du juge des référés met en lumière l’équilibre délicat entre les libertés individuelles et l'intérêt général dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, tout en affirmant la nécessité de prouver un préjudice immédiat pour justifier l'intervention judiciaire.