Résumé de la décision
M. D... et quatre-vingt-quinze autres ressortissants sri-lankais ont été placés en zone d'attente à La Réunion suite à leur arrivée par bateau le 13 avril 2019. Ils ont saisi le juge des référés du tribunal administratif pour contester cette mesure, en affirmant que cela portait atteinte à leur liberté d'aller et venir, tout en invoquant l'illégalité de l'arrêté du préfet créant cette zone d'attente. L'ordonnance contestée a rejeté leur demande, statuant que le juge administratif était incompétent pour se prononcer sur cette affaire. Le Conseil d'État a confirmé cette décision, déclarant que seul le juge judiciaire pouvait se prononcer sur le maintien en zone d'attente et rejetant la requête de M. D... et autres.
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Arguments pertinents
1. Incompétence du juge administratif : Le Conseil d'État a souligné que les demandes de M. D... et autres, visant à contester le maintien en zone d'attente, relevaient de la compétence du juge judiciaire. Ainsi, le juge des référés a correctement rejeté leur requête, considérant qu'elle était portée devant une juridiction incompétente.
> Citation pertinente : "Il n'appartient qu'au juge judiciaire de se prononcer, comme gardien de la liberté individuelle, sur le maintien en zone d'attente de M. D... et autres."
2. Aucune atteinte manifestement illégale : Les appelants n'ont pas pu établir que le maintien en zone d'attente constituait une atteinte grave et manifestement illégale à leurs libertés fondamentales, ce qui est requis pour une intervention du juge des référés.
3. Illégalité de l'arrêté : Le Conseil d'État a également estimé que les arguments portant sur l'illégalité de l'arrêté du préfet, tels que son entrée en vigueur tardive et l'étendue de la zone, ne pouvaient pas être examinés par le juge administratif.
> Citation pertinente : "Ni la circonstance que cet arrêté ne serait entré en vigueur que le 14 avril, ni celle qu'il aurait dû s'étendre sur une zone plus vaste, n'ont d'incidence sur sa légalité."
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Interprétations et citations légales
Dans la décision, plusieurs articles de lois ont été interprétés pour justifier le déni de compétence du juge administratif et établir les procédures de maintien en zone d'attente.
1. Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article confère au juge des référés le pouvoir d'ordonner des mesures pour sauvegarder les libertés fondamentales en cas d'urgence, mais il précise que cela doit se faire dans le cadre de sa compétence.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) - Article L. 221-3 : Cet article stipule que le maintien en zone d'attente ne peut dépasser quatre jours sans décision d'un juge. Cela établit que la procédure de maintien doit être validée par le juge judiciaire.
3. CESEDA - Article L. 222-1 : Il est précisé que le prolongement de la durée de maintien au-delà de quatre jours doit être autorisé par le juge des libertés et de la détention. Cela renforce encore l'idée que les questions de maintien relèvent de la compétence judiciaire.
> Citations pertinentes :
> "Le maintien en zone d'attente est prononcé pour une durée qui ne peut excéder quatre jours..."
> "Le maintien en zone d'attente au-delà de quatre jours[...] peut être autorisé, par le juge des libertés et de la détention..."
En conclusion, le Conseil d'État a solidement ancré sa décision dans les dispositions pertinentes du CESEDA et dans les principes de compétence juridictionnelle, confirmant ainsi le rejet des demandes de M. D... et autres en raison de l'incompétence de la juridiction administrative dans ces circonstances.