Résumé de la décision
La décision concerne la conformité à la Constitution des articles 1er, 4, 6 et 7 de la loi du pays n° 2015-5 du 18 décembre 2015, relative à l'impôt sur les sociétés en Nouvelle-Calédonie. La société Casden Banque Populaire SA a contesté ces articles, arguant qu'ils méconnaissent les principes d'égalité devant la loi fiscale et devant les charges publiques, ainsi que les exigences de non-rétroactivité. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer la question de la constitutionnalité de ces articles au Conseil constitutionnel, considérant que les arguments soulevés présentent un caractère sérieux. En revanche, il a jugé que l'article 2 de la loi n'était pas applicable au litige et n'a donc pas été renvoyé.
Arguments pertinents
1. Applicabilité des dispositions : Le Conseil d'État a déterminé que les articles 1er, 4, 6 et 7 de la loi du pays du 18 décembre 2015 étaient applicables au litige, contrairement à l'article 2, qui ne concernait pas la contribution additionnelle à l'impôt sur les sociétés. Cela souligne l'importance de l'applicabilité des dispositions législatives dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité.
2. Caractère sérieux de la question : Le Conseil d'État a reconnu que les moyens soulevés par la société requérante, notamment ceux relatifs à l'égalité devant la loi et à la non-rétroactivité, soulèvent une question présentant un caractère sérieux. Cela est fondamental pour justifier le renvoi au Conseil constitutionnel, conformément à l'article 23-4 de l'ordonnance du 7 novembre 1958.
3. Non-conformité potentielle : Les articles contestés pourraient porter atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, en particulier le principe d'égalité devant la loi, ce qui renforce la nécessité d'un examen par le Conseil constitutionnel.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance du 7 novembre 1958 : L'article 23-4 stipule que le Conseil constitutionnel est saisi d'une question de constitutionnalité si la disposition contestée est applicable au litige, n'a pas déjà été déclarée conforme, et si la question est nouvelle ou sérieuse. Cela établit un cadre strict pour le renvoi des questions de constitutionnalité.
2. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : Les articles 6 et 13 garantissent respectivement l'égalité devant la loi et le droit de propriété. La société requérante a invoqué ces articles pour soutenir que les dispositions fiscales en question créent une inégalité de traitement, ce qui pourrait constituer une violation de ces principes fondamentaux.
3. Loi du pays n° 2015-5 : L'article 1er introduit un plafonnement de la déductibilité des frais généraux, tandis que l'article 6 renvoie à des arrêtés pour préciser les services extérieurs concernés. Le Conseil d'État a noté que cette délégation pourrait être entachée d'incompétence négative, car elle ne définit pas clairement les conditions d'application du plafonnement.
En conclusion, la décision du Conseil d'État met en lumière des questions juridiques complexes concernant la conformité des lois fiscales à la Constitution, en soulignant l'importance de l'égalité devant la loi et la nécessité d'un cadre législatif clair et précis.