Résumé de la décision :
Le décret du 9 janvier 2019 relatif à la création et au fonctionnement du système d'information et de commandement unifié des services d'incendie et de secours et de la sécurité civile, dénommé "NexSIS 18-112", a été annulé par le tribunal administratif. L'annulation a été motivée par le fait que ce décret a institué un régime nouveau sans la consultation préalable de l'Autorité de la concurrence, ce qui constitue une irrégularité substantielle. En conséquence, l'État a été condamné à verser une somme globale de 3 000 euros aux requérantes.
Arguments pertinents :
1. Absence de consultation de l'Autorité de la concurrence : Le tribunal a souligné que le décret avait instauré des droits exclusifs concernant la fourniture du système "NexSIS 18-112", ce qui implique des restrictions sur l'accès au marché. Selon l'article L. 462-2 du Code de commerce, la consultation de l'Autorité de la concurrence est obligatoire dans ce cas. Le tribunal a noté que l'absence de cette consultation est susceptible d'avoir influencé le contenu des dispositions contestées.
2. Définition d’un régime nouveau : Les dispositions du décret créent un cadre réglementaire qui impose des obligations aux services d'incendie et de secours d'utiliser le système proposé par l'Agence du numérique de la sécurité civile. Cette obligation de recours à un système unique a été jugée comme un établissement d'un régime nouveau au sens des dispositions du Code de commerce, justifiant ainsi l'annulation.
3. Droit exclusif et interopérabilité : Il a été établi que le droit exclusif accordé à l'Agence pour fournir le système d'information a des implications directes sur la concurrence dans le secteur. L'objectif d'interopérabilité entre les systèmes de sécurité civile nécessite un cadre équitable, et le décret tel qu'il était établi limitait cette équité.
Interprétations et citations légales :
1. Code de commerce - Article L. 462-2 : Cet article stipule que l'Autorité de la concurrence doit être consultée avant la mise en place de tout texte réglementaire qui introduit des restrictions quantitatives ou des droits exclusifs. Le tribunal a affirmé : "L'absence de consultation de l'Autorité de la concurrence est susceptible d'avoir exercé une influence sur le contenu des dispositions contestées."
2. Code de sécurité intérieure - Article L. 732-5 : Cet article précise que les normes techniques assurant l'interopérabilité doivent être fixées réglementairement. Par conséquent, le décret attaqué n’a pas simplement précisé les modalités d’application, mais a introduit des prérogatives sans garantir une véritable concurrence, ce qui a contribué à la conclusion du tribunal que le décret a établi un régime nouveau.
3. Code de la commande publique - Article L. 512-4 : Cet article permet à un organisme public de passer des contrats sans concurrence dans des cas spécifiques. En mémoire de ce cadre, l'agence étant tenue de fournir le système d'information, cela a été vue comme une réduction de la concurrence, et donc contraire à l’esprit des règlementations en place.
En conclusion, le tribunal a estimé que le décret du 9 janvier 2019 manquait de conformité par rapport aux exigences de consultation et de transparence imposées par le droit et a donc pris la décision d'annuler celui-ci.