Résumé de la décision
L'Association pour une consommation éthique a demandé au ministre de l'économie et des finances de prendre des avis aux opérateurs économiques concernant l'étiquetage des produits alimentaires issus de territoires occupés, contestés ou violant gravement les droits de l'homme. N'ayant pas reçu de réponse, l'association a saisi le Conseil d'État pour demander l'annulation d'un refus implicite. Le Conseil d'État a rejeté sa requête, concluant que le refus du ministre ne constituait pas une décision susceptible d'être contestée en justice, et a également rejeté les demandes d'injonction et d'indemnisation.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a fondé sa décision sur plusieurs points juridiques majeurs :
1. Liberté d'action de l'autorité publique: Le Conseil a souligné que, bien qu'une autorité publique puisse prendre des circulaires ou instructions pour communiquer son interprétation du droit, elle n'est pas obligée de le faire. Cela souligne que le ministre n'est pas tenu de répondre à la demande de l'association.
> "il n'est jamais tenu de le faire."
2. Applicabilité directe des règlements de l'Union européenne: Concernant le règlement (UE) n° 1169/2011, le Conseil a noté que ce texte est directement applicable dans l'ordre juridique interne, ce qui signifie qu’aucune interprétation ou instruction supplémentaire n’est nécessaire pour sa mise en œuvre.
> "l'article 288 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne prévoyant qu'il est directement applicable dans l'ordre juridique interne."
3. Inexistence d'une décision contestable: De ce fait, le refus opposé par le ministre ne peut pas être qualifié de décision susceptible d’appel en raison de l’excès de pouvoir.
> "le refus opposé à la demande de l'association requérante ne constitue pas une décision susceptible d'être déférée au juge de l'excès de pouvoir."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État interprète les règles suivantes dans sa décision :
- Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) - Article 288 : Cet article précise que les règlements de l'Union européenne sont directement applicables dans les États membres, ce qui implique l'impossibilité pour un État de s'exonérer de leur application via des refus d'interprétation ou d'application.
- Règlement (UE) n° 1169/2011 : Ce règlement impose des obligations d'information des consommateurs sur l'origine des denrées alimentaires, mais ne crée pas l'existence d'un devoir de communication supplémentaire par l'État.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article énonce les principes de remboursement des frais exposés par la partie gagnante d'un litige administratif, mais ici, le rejet de la requête entraîne aussi le rejet de la demande de remboursement.
Ainsi, le Conseil d'État a conclu que l'absence de réponse du ministre n'était pas contestable en raison de la nature des obligations d'information préexistantes sous le règlement européen, concluant en conséquence à l'inadmissibilité des demandes formulées par l'Association pour une consommation éthique.