Résumé de la décision
La décision concerne une requête déposée par Mme A... B..., qui porte le hijab et dont le mari est détenu, contre une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Caen. Mme B... contestait une note d'information du centre pénitentiaire qui imposait des conditions concernant l'accès au parloir pour les visiteurs à tête découverte. Le 23 septembre 2019, une nouvelle note a été émise, remplaçant la précédente, et précisant que les palpations de sécurité seraient effectuées dans un "espace dédié". En conséquence, la cour a constaté que la demande de Mme B... avait perdu son objet et a décidé de ne pas statuer sur ses conclusions tout en accordant une somme de 3 000 euros à titre d'indemnité.
Arguments pertinents
1. Perte d'objet de la demande : Le juge des référés a expliqué que sa compétence pour ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale était conditionnée à l'existence d'une atteinte grave et manifestement illégale. Étant donné que la nouvelle note du 23 septembre 2019 a apporté un changement substantiel en matière de sécurité lors des visites, la demande initiale de Mme B... n'avait plus lieu d'être.
Citation pertinente : "Il appartient de constater qu'il n'y a pas lieu de statuer sur la demande dont il est saisi lorsque les mesures nécessaires ayant été prises, cette demande a perdu son objet."
2. Indemnisation : La cour a également noté qu'en raison des circonstances spécifiques de l'affaire et des désagréments subis par Mme B..., il était juste de mettre à la charge de l'État le versement d'une indemnité au titre de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative.
Interprétations et citations légales
L'appréciation de la requête par le juge des référés repose sur deux articles clés du Code de justice administrative :
1. Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article autorise le juge des référés à agir en cas d'urgence pour protéger une liberté fondamentale. Son application repose sur la reconnaissance d'une atteinte grave et manifestement illégale. Ce fondement juridique a guidé la décision de rejeter la demande, une fois que la situation avait été rectifiée par la nouvelle note.
Citation directe : "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale."
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article permet au juge de condamner l'État à verser des frais d'avocat ou des indemnités dans le cadre de procédures administratives. Son application ici justifie le versement de 3 000 euros à Mme B..., reconnaissant les désagréments encourus au cours de la procédure.
Citation directe : "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'État le versement à Mme B... de la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
Dans l'ensemble, la décision montre l'importance de la prise en compte des évolutions réglementaires et de l'urgence dans le traitement des demandes de référé, tout en soulignant l'obligation de l'État de compenser les préjudices causés aux citoyens dans le cadre de la gestion de leurs droits fondamentaux.