Résumé de la décision
Dans cette affaire, la commune de Salinelles a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Nîmes pour obtenir la suspension des effets d'une décision administrativе prise par le préfet du Gard. Ce dernier avait retiré un arrêté du maire de Salinelles, ordonnant l'interruption des travaux entrepris sans permis de construire par M. B… Le juge des référés a refusé cette suspension, considérant que le moyen invoqué par la commune, relatif à la méconnaissance de la procédure contradictoire, ne faisait pas naître un doute sérieux quant à la légalité de la décision de retrait. En conséquence, le pourvoi de la commune a été rejeté.
Arguments pertinents
1. Caractère suffisant du fondement juridique : Le juge des référés a justifié son rejet en affirmant que le moyen tiré de la méconnaissance de la procédure contradictoire, à savoir l’absence de respect des dispositions de l'article 24 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000, n'était pas de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision de retrait du préfet. Il a affirmé : « le juge des référés n’a, ce faisant, commis, eu égard à son office, aucune erreur de droit. »
2. Compétence liée du maire : Il a été souligné que le maire avait une obligation légale d'ordonner l'interruption des travaux quand ceux-ci sont entrepris sans permis de construire, ce qui signifie que la décision de retrait était justifiée. L’argument de la commune selon lequel la méconnaissance des procédures n’avait pas d’incidence sur la légalité a été écarté comme inopérant.
3. Inopérance des moyens supplémentaires : Le juge des référés a également noté que, n'ayant pas estimé que le retrait pouvait être fondé sur un autre motif que celui de la méconnaissance des dispositions contestées, les autres moyens avancés par la commune dans son pourvoi étaient inopérants et ont donc été écartés.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Ce texte autorise le juge des référés à suspendre l'exécution d'une décision administrative lorsque l'urgence le justifie et qu'il existe un doute sérieux sur la légalité de cette décision. Il est explicitement stipulé que "Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision...". Cette disposition est centrale pour comprendre les prérogatives du juge des référés.
- Code de l'urbanisme - Article L. 480-2 : Cet article établit l'obligation pour le maire d'ordonner l'interruption des travaux non autorisés. Le 10e alinéa de cet article stipule : "Dans le cas de constructions sans permis de construire... le maire prescrira par arrêté l'interruption des travaux...". Cela souligne le caractère impératif de l’action du maire dans des situations de construction illégale, renforçant la légitimité de l’arrêté pris par le préfet pour retirer l’arrêté du maire.
Cette décision réaffirme l'importance de la légalité dans l'exercice des compétences administratives, en précisant le cadre légal applicable en matière d'urbanisme et les obligations qui en découlent pour les autorités locales.