Résumé de la décision
La cour a accueilli le pourvoi de M. A... B... qui contestait le jugement du tribunal administratif de Marseille, rejetant sa demande d'annulation d'une décision implicite du bâtonnier de l'Ordre des avocats à la cour d'appel d'Aix-en-Provence. M. B... avait sollicité la communication de lettres déchargeant des avocats de leur mission, mais la demande avait été considérée comme abusive par le tribunal. La cour a annulé le jugement en raison d'une erreur de droit dans l'appréciation de la demande d'accès aux documents administratifs, et a ordonné le renvoi de l'affaire au tribunal administratif. En outre, pour l'aide juridictionnelle dont bénéficiait M. B..., l'Ordre des avocats a été condamné à verser 3 000 euros à son avocat.
Arguments pertinents
1. Demande abusive : La cour précise que le tribunal administratif a commis une erreur en qualifiant de "abusive" la demande de M. B..., alors que la demande ne portait que sur trois documents spécifiques. Il a été considéré que la circonspection sur le nombre de demandes précédentes, sans rapport direct avec cette demande précise, était inappropriée.
- Citation : "Il s'ensuit qu'en jugeant que la demande de communication formulée par M. B... était abusive... le tribunal administratif a commis une erreur de droit."
2. Droit à l'accès aux documents administratifs : La cour a rappelé que selon le Code des relations entre le public et l'administration, les administrations doivent communiquer les documents demandés, sauf dans le cas où la demande est manifeste et abusivement répétée.
- Citation : "Aux termes de l'article L. 311-1 du code des relations entre le public et l'administration : 'les administrations sont tenues de publier en ligne ou de communiquer les documents administratifs qu'elles détiennent'."
Interprétations et citations légales
1. Code des relations entre le public et l'administration - Article L. 311-1 : Cette disposition impose une obligation pour les administrations de communiquer les documents à la demande, établissant ainsi le principe du droit d’accès aux documents administratifs. La cour a déduit que l’interprétation des conditions de cette obligation ne peut pas se réduire à une simple appréciation quantitative des demandes passées, mais doit considérer le caractère spécifique de chaque demande.
2. Article L. 311-2 : Le dernier alinéa impose des limites à l’obligation de communication lorsque la demande est abusive par son caractère répétitif ou systématique. La cour a tranché que, pour cette affaire précise, la demande ne relevait pas de ce statut.
- Citation : "L'administration n'est pas tenue de donner suite aux demandes abusives, en particulier par leur nombre ou leur caractère répétitif ou systématique."
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 : Les articles de cette loi, notamment ceux relatifs à l'aide juridictionnelle, ont été invoqués pour justifier la prise en charge des frais d'avocat de M. B..., ce qui a été accepté par la cour, sous condition de renonciation à une partie des sommes dues au titre de l'État.
- Citation : "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Ordre des avocats à la cour d'appel d'Aix-en-Provence une somme de 3 000 euros...".
En conclusion, la décision souligne l’importance de l’appréciation nuancée des demandes d’accès aux documents administratifs et la nécessité de ne pas généraliser une typologie de demandes sur la base de comportements antérieurs.