Résumé de la décision
L’association "Ni Voyous Ni Soumis" a saisi le juge des référés du Conseil d'État pour contester une disposition du décret du 29 octobre 2020, limitant le déplacement des personnes à 10 kilomètres de leur domicile dans le cadre des mesures sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19. L'association soutenait que cette limitation portait atteinte à plusieurs libertés fondamentales, en particulier le droit à la santé et à la liberté personnelle, et qu'elle était manifestement illégale. Le juge des référés a décidé de rejeter la requête, considérant que la condition d'urgence n'était pas satisfaite et que l'association n'avait pas démontré une situation particulière justifiant cette intervention rapide.
Arguments pertinents
1. Absence d'urgence : Le juge souligne que la simple constatation d'une atteinte à une liberté fondamentale n'est pas suffisante pour justifier une situation d'urgence. Selon l’article L. 521-2 du Code de justice administrative, "le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale…". En l'espèce, le requérant n'a pas fourni d'éléments spécifiques liés à sa situation qui constitueraient une urgence.
2. Appréciation des mesures gouvernementales : Le juge insiste sur le fait que la gravité de la crise sanitaire, qui nécessite la mise en œuvre de mesures pour limiter la propagation du virus, doit être prise en compte. Le juge des référés, selon l’article L. 522-3,évalue les éléments des demandes et le respect de l’intérêt public, ce qui contribue à justifier le maintien des restrictions.
3. Éléments spécifiques manquants : L’association a avancé des arguments généraux sans les contextualiser suffisamment, ce qui ne permet pas de caractériser une urgence liée à sa propre situation. Bien que la requête mentionne des difficultés d'accès aux infrastructures de loisirs, le tribunal estime qu’elle ne démontre pas en quoi cette limitation causerait un préjudice immédiat et spécifique.
Interprétations et citations légales
- Article L. 521-2 du Code de justice administrative : Cet article prévoit que le juge des référés peut intervenir pour sauvegarder une liberté fondamentale lorsque l'atteinte est "grave et manifestement illégale". Cependant, la gravité persistante de la crise sanitaire limite la capacité d'établir une situation d'urgence au plan individuel sans éléments tangibles.
- Article L. 522-3 du Code de justice administrative : Il stipule que le juge peut rejeter une requête sans audience si la condition d'urgence n'est pas remplie. La décision souligne que le juge remplit un rôle d'appréciation qui inclut la prise en compte des mesures administratives et de l’intérêt public.
En concluant que la requête n'est pas fondée, l'ordonnance réaffirme le besoin d’un équilibre entre la protection des libertés individuelles et les mesures de santé publique dans un contexte de crise sanitaire.