Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation formé par le ministre de la cohésion des territoires contre l'arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes, qui avait annulé un arrêté du préfet de l'Orne refusant un permis de construire à M. D... et Mme C... pour la restauration et l'extension de leur habitation située sur un terrain en dehors des parties urbanisées de la commune de Craménil. Cette cour a jugé que le préfet avait imposé une condition non prévue par la loi, à savoir que l'extension devait présenter un caractère "mesuré". En outre, la cour a estimé que le projet se situait dans un périmètre regroupant des bâtiments d'une ancienne exploitation agricole, confirmant ainsi que le refus de permis de construire était illégal.
Arguments pertinents
1. Condition non prévue par la loi : La cour a rejeté l'argument du préfet selon lequel une extension devait présenter un caractère mesuré pour être autorisée. Elle a affirmé qu'aucune disposition légale n'impose cette condition. Ceci est en ligne avec l'interprétation de l'article L. 111-1-2 du code de l'urbanisme, qui ne mentionne pas cette exigence. La cour a déclaré : "la condition tendant au respect des traditions architecturales locales... ne s'applique pas à l'extension des constructions existantes, mais seulement à la construction de bâtiments nouveaux."
2. Localisation dans un périmètre autorisé : Concernant la question de savoir si le projet constituait une construction nouvelle ou une extension, la cour a jugé que le projet était situé à l'intérieur d'un périmètre regroupant les bâtiments d'une ancienne exploitation agricole. Elle a souligné que le fait que cet espace ne soit pas clos n’empêche pas de le considérer comme un périmètre valide, affirmant qu'une appréciation souveraine des faits a été utilisée sans erreur de droit.
3. Refus de permis et appréciation des faits : La cour a limité son examen à la question de savoir si le projet pouvait être regardé comme une construction nouvelle. Le ministre n'a pas pu démontrer que la cour avait commis une erreur en ne vérifiant pas d'autres conditions d'urbanisme.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation sur la nécessité d’un permis : Selon le Code de l'urbanisme - Article L. 111-1-2, en l’absence de plan local d'urbanisme :
« seuls sont autorisés, en dehors des parties actuellement urbanisées de la commune... l'adaptation, le changement de destination, la réfection, l'extension des constructions existantes ». Cela montre clairement que les extensions peuvent être autorisées sans avoir à répondre à la condition de "caractère mesuré".
2. Sur la construction de bâtiments nouveaux : La même disposition précise par ailleurs que « la construction de bâtiments nouveaux à usage d'habitation peut être autorisée à condition d'être implantée... dans le respect des traditions architecturales locales ». La condition de respecter les traditions architecturales s'applique ici exclusivement aux nouvelles constructions et non aux extensions.
3. Appréciation souveraine par la cour : La cour a reconnu que le projet était implanté à l'intérieur d'un périmètre correspondant à des bâtiments d'une ancienne exploitation agricole, illustrant l'application pratique de l'article L. 111-1-2 dans des situations où l'espace n'est pas fermé. La cour souligne que cette stratégie d'appréciation des faits est justifiée et ne souffre d'aucune dénaturation.
Ainsi, la décision de la cour administrative d'appel de Nantes, confirmant l'annulation de l'arrêté préfectoral, a été jugée légale et en conformité avec les dispositions du code de l'urbanisme.