Résumé de la décision
La décision du Conseil d'État concerne un pourvoi de Mme A... visant à faire annuler un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris, en date du 20 janvier 2014. Cet arrêt a refusé à Mme B...A..., ressortissante guinéenne, le bénéfice de l'aide médicale de l'État (AME) en se fondant sur son statut de résidence en France sans tenir compte de ses circonstances personnelles et de sa demande d’aide. Le Conseil d'État a annulé cet arrêt, considérant que la cour avait commis une erreur de droit en supposant que la résidence en France à la date des soins suffiSait à exclure la possibilité de bénéficier de l’AME sous d’autres conditions prévues par la loi.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit de la cour administrative d'appel : Le Conseil d'État a jugé que la cour administrative d'appel avait commis une erreur en affirmant qu'une personne ne pouvait pas bénéficier du deuxième alinéa de l'article L. 251-1 du code de l'action sociale et des familles simplement parce qu'elle résidait en France à la date des soins. Il a précisé que ce raisonnement était inacceptable, car il ometait de s'intéresser au critère de la résidence ininterrompue depuis plus de trois mois. La cour devait donc examiner plus précisément les circonstances entourant la situation de Mme A...
> "En jugeant qu'une personne ne peut relever des dispositions du deuxième alinéa de l'article L 251-1 du code de l'action sociale et des familles au seul motif qu'elle réside en France à la date des soins, alors même qu'elle ne remplirait pas la condition de résidence ininterrompue de plus de trois mois pour prétendre au bénéfice du droit, la cour a commis une erreur de droit."
2. Large pouvoir d'appréciation du ministre : Le Conseil d'État souligne que le ministre chargé de l'action sociale dispose d'un large pouvoir pour apprécier et décider d'accorder l’aide médicale de l'État lorsqu’une personne ne respecte pas strictement les règles de résidence.
> "Le ministre dispose d'un large pouvoir pour apprécier, au regard de l'ensemble des circonstances de l'espèce, l'opportunité d'accorder une telle aide."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a interprété les textes législatifs, en particulier :
- Code de l'action sociale et des familles - Article L. 251-1 : Cet article stipule les conditions d'accès à l'aide médicale de l'État, et définit les droits des étrangers en France concernant les soins médicaux. La distinction entre les résidents et les non-résidents est cruciale pour déterminer l'éligibilité.
> "Tout étranger résidant en France de manière ininterrompue depuis plus de trois mois [...] a droit [...] à l'aide médicale de l'Etat."
- En ce qui concerne les soins d'urgence, le Conseil a abordé les articles L. 254-1 et L. 254-2, qui garantissent la prise en charge des soins urgents pour les étrangers qui ne remplissent pas la condition de régularité de séjour mais qui se trouvent dans une situation de santé préoccupante.
> "Les étrangers résidant en France qui ne remplissent pas la condition de régularité [...] bénéficient de la prise en charge des 'soins urgents dont l'absence mettrait en jeu le pronostic vital'."
En conclusion, la décision du Conseil d'État révèle une interprétation expansive des droits des étrangers en matière de santé, en soulignant l'importance des contextes individuels et des critères d'urgence pour l'accès aux soins. Cette décision insiste sur la nécessité pour les autorités d'examiner chaque cas de manière exhaustive avant de rejeter une demande d'aide médicale.