Résumé de la décision
Le Syndicat national des collaborateurs parlementaires - Force ouvrière a demandé l'élection de délégués de site pour les collaborateurs des députés à l'Assemblée nationale. Après le refus du directeur régional des entreprises d'Ile-de-France, le syndicat a saisi le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté sa demande. En appel, la cour administrative d'appel de Paris a également rejeté l'appel du syndicat. Le syndicat s'est pourvu en cassation. La décision de la cour administrative d'appel a été annulée, car les demandes du syndicat avaient perdu leur objet suite à la modification législative intervenue le 1er janvier 2018, rendant impossible l'imposition d'élections de délégués de site.
Arguments pertinents
1. Perte d'objet des demandes : La cour a constaté que les conclusions du syndicat avaient perdu leur objet en raison de la modification de l'article L. 2312-5 du Code du travail, qui ne permet plus à l'administration d'imposer l'élection de délégués du personnel. La cour a souligné que "les conclusions du syndicat requérant tendant à l'annulation pour excès de pouvoir du refus du directeur régional des entreprises... ont perdu leur objet le 1er janvier 2018".
2. Erreur de droit : La cour administrative d'appel a commis une erreur de droit en ne relevant pas d'office la perte d'objet des demandes, ce qui a conduit à l'annulation de son arrêt. La décision précise que "l'omission de la cour de relever d'office la perte d'objet a conduit à une erreur de droit".
3. Non-lieu à statuer : Étant donné que les demandes étaient devenues sans objet, il n'y avait plus lieu de statuer sur le jugement du tribunal administratif de Paris, ce qui a été décidé dans l'article 2 de la décision.
Interprétations et citations légales
1. Modification législative : L'article L. 2312-5 du Code du travail, dans sa rédaction antérieure à l'ordonnance n° 2017-1386, permettait à l'autorité administrative d'imposer l'élection de délégués du personnel. Cependant, cette possibilité a été supprimée par l'ordonnance, qui a introduit le comité social et économique. La décision indique que "ni cet article, depuis l'entrée en vigueur de cette modification le 1er janvier 2018, ni aucune autre disposition ne permet plus à l'administration... d'imposer l'élection de délégués du personnel".
2. Réglementation actuelle : L'article L. 2313-9 du Code du travail stipule que la mise en place d'un comité social et économique interentreprises doit désormais être fondée sur un accord collectif interentreprises. Cela montre un changement significatif dans la manière dont les représentants du personnel peuvent être élus et souligne l'importance des accords collectifs dans le nouveau cadre législatif.
3. Conséquences de l'erreur de droit : La décision de la cour administrative d'appel a été annulée en raison de son omission de constater la perte d'objet, ce qui est un point crucial en matière de procédure administrative. La décision précise que "le syndicat requérant est ainsi fondé... à demander l'annulation de cet arrêt", soulignant l'importance de la rigueur procédurale dans le traitement des recours administratifs.
En conclusion, cette décision illustre l'impact des modifications législatives sur les droits des syndicats et la nécessité pour les juridictions administratives de prendre en compte ces changements dans leurs décisions.